REFORME DE L'ASSURANCE CHOMAGE
Non à la précarité à perpétuité
Profitant de la renégociation de la convention UNEDIC, le MEDEF, l'organisation patronale, milite depuis des mois pour "la refondation sociale". De quoi s'agit-il ? Après l'offensive patronale sur les 35 heures, pilotée par le Ministre du travail socialiste, Martine Aubry, qui vise à imposer la flexibilité et la baisse des salaires, le MEDEF entend généraliser l'abaissement salarial et la précarité sous prétexte de sauver le système d'assurance-chômage, l'UNEDIC.
Remplacer les chômeurs par des précaires pauvres ?
Le dispositif du MEDEF est à deux volets. Le PARE (plan d'aide au retour à l'emploi) vise à imposer une nouvelle brèche dans le dispositif d'indemnisation des chômeurs. En 1992 c'est le gouvernement socialiste de Bérégovoy qui avait mis en place 1'allocation unique dégressive. Martine Aubry avait décrété à cette date qu'un chômeur pouvait être radié au premier refus d'emploi. Mais la résistance des chômeurs en avait fait reculer l'application par les ASSEDIC. Cette fois les sanctions seront progressives. Après 6 mois d'indemnisation, un chômeur ayant refusé entre 1 et 4 propositions d'embauche encourra les sanctions suivantes : lettre de rappel, baisse de 20 %, suspension, puis suppression des allocations. A noter que si 55 % seulement des chômeurs étaient indemnisés en 1993, seules 41 % le sont actuellement. Plus de 80 % touchent moins du SMIC et la moitié, moins de 4 700 F. C'est le retour au travail forcé, l'obligation pour le travailleur de vendre sa force de travail aux conditions imposées par le patron. C'est la voie à l'abaissement de tous les salaires, car les rémunérations des précaires seront prétexte à une réduction des autres rémunérations.
Des travailleurs jetables ?
Le deuxième dispositif du MEDEF est de vouloir imposer des contrats d'une durée déterminée de 18 mois à 5 ans. Avec l'abandon des contrats à durée indéterminée (CDI) ce serait la généralisation de la précarité. De plus, la menace de ne pas renouveler les contrats pèserait sur la combativité des travailleurs. Un des aspects les plus répugnants du PARE est de vouloir culpabiliser les chômeurs. Si les travailleurs sont chômeurs ? C'est de leur faute alors que ce sont les patrons qui licencient ! D'après le PARE, les chômeurs devront proposer "un plan d'action personnalisé" pour retrouver du travail, il leur faudra prouver leurs compétences pour être employables, la formation étant à la charge du salarié pour développer son "employabilité", la vie du travailleur, selon le patronat, devrait aller d'emploi précaire, en passant par des stages de formation, en attendant une retraite à des taux minables, car elle sera calculée à partir de salaires au rabais. Le patronat, lui, ne s'est pas oublié. La baisse des contributions des employeurs leur permettrait d'économiser de 36 à 42 milliards sur 2 ans. De plus, les employeurs, sous prétexte de favoriser la réinsertion, toucheraient des subventions dégressives de l'Etat pendant 3 ans, se montant à 20 à 40 % du salaire d'un travailleur retournant au travail !
Des syndicats mous !
Le MEDEF a brandi la menace de se retirer des discussions et les syndicats, devant le danger d'être écartés de la gestion de l'UNEDIC, ont fait profil bas. C'est un comble, car l'argent de l'UNEDlC provient pour une grande partie des cotisations salariales. C'est du salaire différé, redistribué sous forme d'allocations chômage. La CFDT de Notat et la CFTC approuvent ce plan contre les intérêts des travailleurs. CGT, FO et la CGC s'étaient empressés de prendre place autour du tapis vert. Mais face au mécontentement des syndiqués et des associations des chômeurs, ils ont cessé d'y participer. Même le syndicat des cadres, la CGC a senti la réprobation de ses adhérents menacés d'accepter, comme tout le monde, n'importe quel sale petit boulot. Thibault, secrétaire général de la CGT, se dit prêt " à informer, à intervenir auprès du gouvernement". FO et la CGC condamnent les propositions du MEDEF. Mais ces protestations sont purement verbales et inefficaces.
Comme en 95, oui mais en plus fort.
Oui, la convention doit être validée par les pouvoirs publics. Mais peut-on compter sur le gouvernement de la gauche plurielle, sur son Parlement à majorité de gauche, pour défendre les chômeurs ? Il ne faut pas se leurrer ! Pas plus que sur les coups de gueule de Robert Hue, "le patron" du PCF, qui prétend avoir imposé un "choc frontal" à Seillières, le patron des patrons, lors d'un tête-à-tête. Ce qui fera reculer le MEDEF et ses alliés du gouvernement, c'est la mobilisation de tous les travailleurs du privé et du public, avec ou sans emploi.
Relou
ALSTOM
Le gouvernement agit... pour diviser !
Alors qu'un appel était lancé par les syndicats dans toutes les usines Alstom pour manifester contre les licenciements, deux nouvelles tombaient à point nommé. D'abord la publication des "résultats" du groupe par Pierre Bilger, le PDG : "carnet de commandes élevé", "résultat hors Energie : +23%", "bénéfice par action : +40%". Notre patron ajoute même : « grâce à l'intégration complète de Alstom Power, Alstom bénéficiera totalement du redressement et des synergies potentielles de cette activité ». Bref, en rachetant dans ABB-Alstom-Power la part de ABB, Alstom s'attribue à l'avance la totalité des avantages en termes de bénéfices que constitueront les 10 000 licenciements programmés ! Voilà pour le patronat. Mais le gouvernement n'a pas voulu être en reste ! Le Comité interministériel pour l'aménagement du territoire venait, de son côté, d'annoncer la répartition de sommes allouées par Bruxelles et par Paris. Belfort se voyait attribuer une des "aides" les plus importantes, au titre de la reconversion industrielle pour plus d'un millier d'emplois : 196,5 millions de francs. Et l'agglomération de Roubaix avait également sa dotation (l'usine Alstom de Lys-Lez-Lannoy, en particulier, est menacée de fermeture).
Ainsi, les tracts syndicaux qui proclamaient lors de la manif précédente : « les pouvoirs publics, le gouvernement sont placés face à leur responsabilité, ils ne peuvent s'y soustraire... », avaient leur réponse. Le gouvernement n'avait pas l'intention du tout de se soustraire à ses responsabilités... d'état-major de la bourgeoisie. Il prévoit les futures reconversions industrielles, comme si celles-ci étaient possibles, ce qui autorise du même coup les suppressions d'emplois contre lesquelles nous nous battons. Nous devons donc lutter contre le patronat ET contre le gouvernement. Avec les mêmes revendications : Non au chômage, non aux licenciements !
Loïc
SAINT-OUEN - NOUVELLE EXPLOITATION
Marie, "esclave moderne" en lutte.
De 1996 à janvier 2000, Marie* vient de subir ce nouveau type d'exploitation, "l'esclavage moderne". Originaire d'Afrique, elle est arrivée au milieu des années 80 pour poursuivre ses études. Après avoir obtenu ses diplômes, la Préfecture a refusé de lui délivrer une carte de séjour. Mais ayant étudié et vécu en France pendant 10 ans, Marie ne souhaite pas quitter l'hexagone. Par le biais de petites annonces, un habitant de Neuilly lui propose de l'employer pour garder sa mère quinquagénaire. Il sait qu'elle n'a pas de titre de séjour mais se propose de faciliter sa régularisation. Pendant un an, elle s'occupera de la veille dame dans son F4 des quartiers riches de Paris. Puis, son employeur déménagera mère et employée de maison à Saint-Ouen dans un deux-pièces. Pendant toute cette période, elle va vivre et dormir dans la pièce principale pour s'occuper de la mère qui est délaissée par son fils. En outre, malgré ses promesses, l'employeur n'a pas régularisé sa situation. Pourtant elle va s'occuper de la mère seule qui « n'avait plus qu'elle au monde ». C'est Marie qui appellera le SAMU pour emmener la vieille dame malade à l'hôpital où elle mourra. Son fils refusait de le faire jugeant qu'elle n'avait pas besoin de soins.
Trois jours après l'enterrement, le fils arrive avec le propriétaire du logement pour récupérer le logement. Marie proteste, mais son employeur lui signifie qu'ils n'ont signé aucun contrat et qu'elle doit maintenant partir. Si elle les écoute, Marie se retrouve alors sans droit aucun, sans logement, sans travail, sans papiers. Tout d'abord désemparée, elle décide de faire face et prend contact avec les syndicats, associations et services sociaux. Un syndicat CFDT l'accompagne dans une procédure aux prud'hommes contre ce néo-esclavagiste. Le DAL l'aide pour son logement et pour réouvrir l'électricité que le propriétaire a coupée afin de faire pression pour que Marie parte. Elle finit par obtenir après quinze années de présence en France, un récépissé de 3 mois qui lui permet de travailler. Ce "fait divers" rappelle les conséquences désastreuses des lois sur l'immigration qui mettent à la merci des employeurs les travailleurs immigrés. Mais Marie a décidé de lutter.
Laurent
* A sa demande l'anonymat a été préservé.
SAINT-OUEN
La carte du tertiaire
Les capitalistes semblent apprécier la politique menée par le PC, aussi bien à Saint-Ouen qu'au niveau du Conseil Général de Seine-Saint-Denis. C'est ce qui ressort d'un article du journal financier Les Echos du 25 mai 2000, intitulé : « Un complexe de 32 000 m2 de bureaux à Saint-Ouen. L'ensemble, baptisé Euro-Atrium, devrait être livré en juin 2001. » Extraits. « L'Euro-Atrium est un bâtiment triangulaire transparent, avec des façades vitrées, associant le verre, le métal et le granit. Il s'élève autour d'un vaste atrium couvert d'une verrière. Son entrée monumentale ouvre sur un jardin intérieur, distribuant les deux halls. Sa façade, dessinée en arc de cercle, donne sur le boulevard périphérique, avec vue, au loin, sur le Sacré-Coeur. Les plateaux de 3 800 m2 offrent une capacité de 300 personnes par étage. Les futurs utilisateurs bénéficieront d'un restaurant d'entreprise de 1500 couverts, d'une cafétéria, d'un auditorium de 150 places, d'un espace-club avec trois salons privés et d'un centre de remise en forme, avec salle de musculation, hammam, sauna... » Cet immeuble est en construction derrière le RER, sur le terrain de l'ancienne usine Renault. Au fil des années, Saint-Ouen, de ville ouvrière, devient ville tertiaire.
« Jacqueline Dambreville, commente Les Echos, maire PC de cette commune de la première couronne parisienne, joue la carte de la tertiarisation progressive de l'économie locale et de l'accueil de sièges sociaux de grandes entreprises ». Mais Jacqueline Dambreville n'est pas toute seule, « la ZAC Victor Hugo (est) aménagée par la Sidec, un des outils d'aménagement du Conseil Général de Seine-Saint-Denis. » Tout cela est bien beau. Mais est-ce que ça va créer de l'emploi pour les chômeurs ? On peut sérieusement en douter. Il y-a peu de chances que nombre d'entre eux trouvent du travail dans ce type de société. N'est-ce pas plutôt un moyen pour la mairie de se sortir de ses difficultés financières en attirant de nouvelles entreprises pour toucher un surcroît de taxe professionnelle ?
Loïc
SAINT-OUEN
Les assistantes sociales en ont marre.
Le Mercredi 24 mai, les assistantes sociales et les secrétaires du service social, situé 19 rue des Rosiers, étaient en grève. Elles demandaient à être entendues par leur employeur, la Municipalité, afin d'améliorer la qualité de leur service. Celui-ci reçoit 150 personnes chaque jour, et les délais d'attente vont de 1 à 2 mois. Les professionnels épuisés ne restent jamais longtemps à Saint-Ouen et cherchent des postes ailleurs. Ils demandent donc une réorganisation de leur travail pour améliorer la qualité de l'accueil, plus de personnel et de moyens financiers. Ils refusent aussi « d'être les exécutants au service d'une politique de précarité » et dénoncent l'absence d'hébergements sociaux, de logements et de travail pour la population.
Laurent
SAINT-OUEN
Ce week-end, Enlivrez-vous !
Une nouvelle association Enlivrez-vous vient de naître à Saint-Ouen, elle a pour objectif, dans un esprit de solidarité, de promouvoir la lecture pour tous, de gérer des lieux d'animation et de restauration autour du livre, de soutenir la librairie Folies d'encre qui doit ouvrir prochainement sur la ville. Lors de la fête de la ville les 24 et 25 juin, place de la Mairie, elle mettra en vente des bouquins d'occasion et présentera des écrivains de Saint-Ouen parmi lesquels Serge Livrozet dont le livre De la prison à la révolte (l'Esprit frappeur) vient de ressortir au prix modique de 20 F.
Laurent
EDITORIAL
A qui profite le crime ?
Alors qu'ils tentaient de s'introduire clandestinement en Grande-Bretagne, 58 immigrés asiatiques ont trouvé la mort, asphyxiés dans un camion frigorifique néerlandais transportant des fleurs. Jack Straw, le ministre de l'intérieur britannique se dit consterné "par toutes ces vie perdues" et Jospin, lui, "ressent un sentiment d'horreur". Qui ne serait pas consterné ?
- Mais si ces dirigeants versent des larmes "de circonstances", c'est leur politique qui engendre ces drames. La libre circulation en Europe pour les habitants des pays signataires des accords de Shengen a son revers : la fermeture des frontières aux immigrants en provenance des pays pauvres. Les pays riches s'offrent aux yeux des populations comme un mirage, un Eldorado qui mérite de prendre des risques même mortels pour l'atteindre. Les clandestins, des travailleurs comme nous seraient donc responsables de leur propre malheur, comme ces 200 africains, mort noyés du 1er janvier au 31 mai dans le détroit de Gibraltar après avoir payé 12000 F pour une mortelle traversée.
- La presse montre du doigt les passeurs, les maffias chinoises, marocaines ou albanaises qui profitent de ce trafic de chair humaine. Assurément ils vivent en parasite, sur le dos de ces travailleurs en quête d'une vie moins sombre, mais qui en profite vraiment ? La presse n'en parle jamais. A l'arrivée, qui exploite le travail précaire, à des salaires de misère ?
- Ce ne sont pas les mafias mais bel et bien les grandes sociétés capitalistes et leurs sous-traitants. Depuis des années des ateliers clandestins de textile ou de maroquinerie fleurissent en France ou en Allemagne. Et qui profite du travail des clandestins, si ce n'est les entrepreneurs du bâtiment ou du nettoyage ? Les travailleurs clandestins sont nos frères à l'image des travailleurs auvergnats, bretons, ou corréziens qui immigraient à Paris au siècle dernier. Il n'y a pas besoin d'être Sherlok Holmes pour trouver le responsable des 58 morts de Douvres et de toute cette misère, c'est le système capitaliste lui-même et cette bourgeoisie qui en profite.
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