Les dirigeants des Etats-Unis crient haut et fort leur attachement aux droits de l'homme et à la démocratie. Ils se permettent de donner des leçons au reste du monde, mais dans leurs prisons, c'est l'enfer ! Il y a 54 % de Noirs dans ces prisons alors qu'ils ne représentent que 12 % de la population globale. Justice raciste ? Léonard Peltier, indien Lakota, dirigeant de l'American Indien Mouvement en prison depuis 24 ans et Mumia Abu Jamal, journaliste, ex-membre du Black Panthers Party, depuis 19 ans dans le couloir de la mort, sont deux prisonniers politiques incarcérés pour avoir défendu les droits des opprimés.
Ils sont des figures emblématiques de la lutte contre l'injustice, le racisme, l'inégalité sociale, la corruption et les violences policières qui sont la conséquence d'un système économique qui ne laisse aucune chance à ceux du bas de l'échelle. Condamner MUMIA à la peine de mort et LEONARD à une double peine de prison à vie, témoigne de la haine des possédants envers ceux qui luttent contre l'oppression des Indiens et des Noirs. Leur seul espoir de liberté repose sur la mobilisation de tous ceux qui ne peuvent se résoudre à la violence et à l'arbitraire des Etats partout dans le monde.
Relou
Les élections professionnelles du 13 Novembre ont été une victoire pour les travailleurs et la CGT de l'entreprise. Pour la première fois depuis 30 ans la CGT est devenue majoritaire au premier collège, ouvriers et employés avec 51% des voix.
Aux presses, la CFT, le syndicat patronal créé en 1968 était un nid de gros bras contre les militants ouvriers. En 1977, quand un militant de la CGT en province, aux Verreries mécaniques en grève fut assassiné, la CFT changea de nom, devint la CSL. Après les grèves de 1982 et 1984 la direction mit les gros bras sur la touche, mais les pressions continuèrent. Après 1998 la direction lâche un peu la CSL pour les autres syndicats dits représentatifs, FO, CGC, CFTC, voire CFDT. Mal lui en prit, ce fut la CGT qui en récolta le bénéfice. A l'usine Citroën de Rennes ce fut ce syndicat qui devint en septembre 2000 le premier syndicat avec 38% des voix. Avec des salaires qui stagnent autour de 7000 f, le travail du samedi nonpayé en heures supplémentaires, l'obligation de ne prendre que trois semaines de congés payés en août, la charge de travail toujours augmentée, les travailleurs ont manifesté leur ras-le-bol de la direction et du syndicat à sa botte.
Le deuxième tour après les élections, ce sera l'offensive pour des salaires décents.
Léo
TROISIEME COLLEGE - SAINT-OUEN
Depuis la rentrée, l'ambiance au collège n°3 a changé. Une nouvelle gestion des "ressources humaines " se met en place par rapport aux professeurs. La quantité de travail demandée s'alourdit, le plus souvent en faisant appel au bénévolat. Les réunions de travail se multiplient, en général sur les temps de pause. On utilise la culpabilisation des personnels pour augmenter la charge de travail, mais le manque de moyens se fait toujours sentir. On ne compte plus les cours interrompus par des élèves qui se promènent dans les couloirs, les élèves à peine réveillés après avoir travaillé aux puces ou ailleurs, les réactions hostiles envers les personnels Les parents s'inquiètent, et on permet ainsi au privé de se développer, augmentant les frais de scolarité des familles qui peuvent payer, condamnant les autres à une instruction bas de gamme.
D'autres choix sont possibles. Mais ils nécessitent un personnel en nombre. Le mouvement des enseignants avait réussi à faire virer Allègre, mais son successeur Jack Lang ne fait pas plus pour l'école.
Paul
Souleymane Bathily, cuisinier, et son épouse habitaient une chambre de bonne insalubre de 10 mètres carrés dans le XIe arrondissement avec un loyer de 2100 F par mois, charges comprises. Ils ont déposé une demande de logement à la Mairie de Paris le 10 mai 2000 pour obtenir un logement plus grand. La demande était urgente car le 5 juillet, madame Bathily accouche d'une petite fille. " Ma fille toussait tout le temps. Elle était suivie par la protection maternelle infantile. Il fallait qu'on parte de là. Mais on n'avait pas d'autre endroit pour nous loger. Alors j'ai cherché une solution " explique Souleymane Bathily.
Il décide de passer à l'action et scie les gonds de la porte de sécurité d'un appartement F4, vide, rue des Rigoles dans le XXe. Cet appartement appartient à l'office d'HLM de la Ville de Paris (Opac) qui engage rapidement une action en référé pour obtenir leur expulsion et porte plainte contre Bathily pour " dégradation ou détérioration grave d'un bien appartenant à autrui. " C'est ce recours qui a été jugé le 28 novembre. Le tribunal a relaxé M. Bathily en estimant que le squatteur a eu " une réaction nécessaire et mesurée au danger réel, actuel et injuste, auquel son enfant, sa femme et lui étaient confrontés. " Toutefois, le procureur pourrait faire appel de cette décision et la justice ne s'est pas prononcée sur la question de l'expulsion de la famille. L'Opac s'est déclarée mécontente de l'arrêt et affirme que les squatteurs ont évincé une autre famille qui devait habiter dans ces lieux et " qui avait respecté les procédures d'attribution, avait déposé sa demande depuis un an et demi et relevait des critères HLM et de priorité. " Dans ce communiqué, l'Office HLM a aussi indiqué que la Préfecture de Paris avait accepté d'attribuer un logement à la famille dans le patrimoine d'un autre bailleur social.
Au final, la famille semble donc avoir trouvé un logement durable, et la décision du juge est une avancée juridique car elle reconnaît la nécessité qui justifie l'ouverture d'un squat. Cet arrêt rappelle aussi les difficultés d'accès au logement pour les travailleurs.
Laurent
SAINT-OUEN
Fin novembre, les habitants des quartiers Payret Zola ont reçu deux tracts municipaux dans leur boîte aux lettres. Dans l'un, Jacqueline Dambreville annonçait les négociations en cours avec la gauche plurielle pour "préparer les élections municipales du 11 mars 2000 (sic)" où elle sera tête de liste. Dans l'autre distribué en même temps, la Maire montrait du doigt un immeuble réquisitionné et annonçait qu'un jugement avait demandé l'expulsion des habitants. Depuis un an et demi, au 4 rue Jules Verne, une quarantaine de familles (une centaine d'habitants) squattent un immeuble dont le propriétaire est en liquidation judiciaire. La Maire ne s'oppose pas à l' expulsion et estime que les familles doivent se "réinstaller de façon légale et durable, sans doute dans leur commune et leur logement d'origine".
La Maire fait-elle semblant d'ignorer que si les familles squattent ici, c'est parce qu'elles n'ont pas pu avoir de logements corrects ?
Laurent
ACCORDS UNEDIC
Etes-vous prêts à travailler à 100 km de chez vous, en dessous du SMIC, sans reconnaissance de vos qualifications et de votre expérience, avec un contrat précaire à vie, en étant sous surveillance permanente de l'ANPE, radiations à la clef. C'est pourtant cela le PARE (plan d'aide au retour à l'emploi) un des volets de la nouvelle convention d'assurance-chômage à l'initiative du patronat, signé par les syndicats CFDT-CFTC-CGC et agréé officiellement par le gouvernement qui sera mis à exécution le 1er Juillet 2001. Les patrons seront servis avant les chômeurs puisque les baisses de leurs cotisations seront, elles, mises en Šuvre le 1er janvier.
Le PARE obligera à accepter n'importe quel boulot précaire mal payé, sans tenir compte de votre qualification, ce qui entraînera la généralisation inavouée bien sûr d'une nouvelle catégorie : " les travailleurs ayant à la fois un travail et la pauvreté ".Tous les travailleurs, avec ou sans emploi, sont concernés par cette remise en cause du code du travail, cette pression à la baisse des salaires, et la dévalorisation des qualifications et des compétences. Ce n'est pas parce que le patronat a les dents longues qu'il faut accepter tout ce qu'il nous impose !
Relou
CINEMA
Des camarades de SOL étaient présents à l'Espace 1789 le dimanche 19 novembre dans le cadre des Rencontres Cinématographiques du 93. Le réalisateur de "Reprise" sur l'usine Wonder, Hervé Le Roux, présentait une série de petits films, suivis d'un débat. Deux heures de projection, des prises réalisées de 1977 à 1995, la plupart non montées, sans suite, sans scénario, et pourtant on ne s'ennuyait pas. Comme le film " Reprise ", ce sont des interviews de délégués, de travailleurs. On passe de Citroën Saint-Ouen à Renault Saint-Ouen et à l'ANPE de Saint-Ouen, mais aussi à Vilvorde en Belgique.
Le débat qui suivit fut tout aussi étonnant car il semblait sans polémique, sans divergences. Il n'était question que de la classe ouvrière. On évoqua l'Alstom pour confirmer que rien n'avait fondamentalement changé, aujourd'hui, en l'an 2000. La Gauche n'y a rien fait, au contraire. Mais les ouvriers sont toujours aussi nombreux en France, de plus en plus nombreux dans le monde (en Chine, au Brésil...), et les luttes reprennent... Merci, Hervé Le Roux, d'avoir donné la parole aux travailleurs ! On était au cinéma, mais aux antipodes des fictions habituelles. On n'est pas sortis distraits, mais renforcés.
Loïc
C'est le 6 janvier 2000 que le plan de licenciements d'Alstom TSO a été découvert dans un ordinateur. Bientôt un an, déjà ! Et la Direction va devoir attendre encore un peu, car elle a été traînée devant les tribunaux par les organisations syndicales, et un jugement "sur le fond" est prévu le 16 janvier. Pendant ce temps, les commandes continuent à s'accumuler, rendant les projets de suppressions d'emplois chaque jour plus scandaleux.
Mais il y a une journée que nous ne sommes pas prêts d'oublier, c'est le vendredi 27 octobre. L'action avait été décidée en assemblée générale. Dès 6 heures du matin, des piquets de grève se sont formés aux deux portes de l'usine. Deux directeurs de fabrication, la directrice des ressources humaines et un huissier étaient là aussi. L'un des directeurs faisait du racolage systématique : " Vous pouvez rentrer... " Résultat : 15 personnes ont travaillé ce jour-là, sur un effectif de 595 ! On peut dire que le mécontentement est largement partagé. La " liberté du travail " était pourtant respectée, mais justement, c'est la Direction qui veut nous l'enlever, cette liberté du travail !
Loïc
EDITORIAL
A la veille du sommet, des dizaines de milliers de syndicalistes et manifestants anti-mondialistes sont venus manifester pour réclamer une "Europe sociale". Venus avec difficulté parfois comme ces chômeurs qui ont été brutalisés par la police alors qu'ils entendaient monter dans les trains pour se rendre à Nice, bloqués aux frontières, incarcérés, poursuivis en justice, matraqués sur place dans une ville quadrillée par des milliers de policiers.
La surprise est venue des syndicats affiliés à la Confédération européenne des syndicats (CES), ils ont été des dizaines de milliers à manifester, les syndicats français, les plus nombreux, les syndicats allemands, italiens, polonais, etc. Mais les Blondel (FO), Thibault (CGT), Notat (CFDT) étaient bien plus préoccupés de leur style et d'affirmer leur force au sein de la CES que d'affirmer une politique. C'est une bonne chose que les travailleurs de tous les pays se tendent la main, même si c'est au travers de bureaucratie syndicale. En effet, partout en Europe, la bourgeoisie aggrave la situation des travailleurs, leurs conditions de travail et rogne leurs salaires. Mais les directions syndicales se sont bien gardées d'avancer des perspectives : des augmentations de 300 euros (2000 F) pour tous, des minima sociaux (10 000 F) nets, l'interdiction des licenciements, l'embauche dans les services publics, la fin des petits boulots et de la précarité.
Oui l'Europe sociale est une nécessité. Elle se construira dans des luttes offensives, avec des perspectives claires, pour chambouler cette société malade du fric et du profit.
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