S O L

Saint-Ouen Luttes

L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes

Numéro 11 du 1er mars 2001

 

ELECTIONS MUNICIPALES

Sanctionner la politique du Medef et du gouvernement

Les élections municipales du 11 mars approchent et la campagne électorale bat son plein. De la droite aux verts en passant par le PC et le PS tout le monde y va de ses promesses d'un avenir meilleur pour la ville et ses habitants. Tous les six ans ils nous ressortent leurs discours démagogiques sur l'insécurité, la misère, le chômage, les budgets sociaux, l'aménagement urbain ou la démocratie "citoyenne " pour les plus ambitieux. Paroles...

Ces partis prétendent que leur gestion sera au service du plus grand nombre mais ils ne font que servir leurs maîtres. Le capitaliste Michelin sympathise avec la droite, le patron de Danone avec la gauche. Tous licencient avec la complicité du gouvernement de droite hier, de gauche aujourd'hui. La responsabilité du PS appuyé par le PC et les verts est écrasante. Les lois Aubry ont permis la flexibilité, la précarisation du travail, le gel des salaires, le PARE va permettre d'écraser encore plus les chômeurs et les salaires de ceux qui travaillent. Les attaques sur les retraites sont repoussées mais pas annulées. La reprise ? Celle des profits certainement, mais la misère s'accroît. Les emplois stables disparaissent au profit d'emplois précaires. Les chômeurs sont remplacés par des travailleurs pauvres payés à des salaires de famine.

Il faut que cela change. Seule la lutte des travailleurs peut faire reculer la bourgeoisie. Les élections municipales, comme les élections nationales, n'ont jamais eu pour but de changer la société, sinon cela fait longtemps qu'on les aurait interdites. Une société se combat en se groupant, en résistant, en ayant une politique pour les exploités, mais aussi en se comptant. Chaque travailleur croit qu'il est isolé, qu'il est le seul à voir ces choses là. Les partis gouvernementaux de droite comme de gauche sont seuls à se faire entendre. Une municipalité aux mains des révolutionnaires ne pourrait répondre à tous les problèmes. La misère par exemple ne peut se régler qu'à l'échelle d'un pays, voire de l'Europe ou du monde. Mais une telle municipalité pourrait servir de base arrière pour la lutte des travailleurs. Elle impulserait une vraie démocratie, le contrôle des travailleurs sur le budget. Elle aiderait les travailleurs de la région à lutter contre les expulsions et les licenciements. Bref, à prendre leurs affaires en main. Le rôle des conseillers municipaux révolutionnaires serait d'aider aux combats inévitables qu'il va bien nous falloir livrer.

Léo

Sur le vote aux municipales, certains membres de la rédaction sont pour voter Lutte ouvrière, d'autres pour s'abstenir et d'autres sont indécis.

Quelle politique pour la ville ?

Le précédent article de Sol sur les possibilités d'action d'une municipalité pour l'emploi d'une part, et les débats au sein de notre journal sur les élections municipales d'autre part, ont conduit à des positions différentes dont celle qui suit et qui va être plus développée.

Sans dresser un inventaire complet des compétences d'une municipalité, il faut noter que globalement les communes ont de plus en plus de capacité à agir sur différents sujets.

"La Mairie" peut agir sur l'emploi ; elle est le plus gros employeur de Saint-Ouen ! Elle peut aussi subventionner les syndicats "représentatifs" ceci ne l'empêche pas de pouvoir se comporter comme un employeur traditionnel et d'imposer des réorganisations du travail sans écouter les revendications de ses propres salariés. Outre la récente grève des personnels de service des écoles, il faut se rappeler aussi celle des assistantes sociales qui, il faut le savoir, demandent régulièrement leur mutation et ne restent jamais longtemps à Saint-Ouen du fait de leurs conditions de travail mais aussi de la politique sociale de la Ville. Celle-ci fait aussi appel à des grands groupes industriels pour assurer des missions de service public en exploitant leurs employés, rappelons-nous la grève des éboueurs de décembre 2000.

Concernant l'aménagement urbain, la municipalité favorise l'implantation de multinationales alors que ces grands groupes capitalistes qui nous exploitent ont amplement les moyens de construire leurs bureaux. Pour faire plaisir à ces suceurs de sang, elle est même prête à raser des îlots entiers d'habitation. La municipalité a en effet des pouvoirs importants en matière de logement. Elle a, avec l'Etat, les collecteurs du 1 % patronal... la capacité d'attribuer des logements sociaux, elle peut aussi en délivrer sur son "parc privé". Elle peut aussi laisser pendant une vingtaine d'années des familles dans des taudis et répondre favorablement dans les six mois à une autre demande de logement. Elle accepte aussi régulièrement l'expulsion de familles de leur logement.

La mairie peut aussi subventionner des associations pour qu'elles obtiennent des locaux et des permanents, elle prête aussi des locaux à certaines associations, mais dans le même temps elle refuse des locaux à d'autres. Elle peut aussi promettre de «faire plus pour la vie associative» à chaque veille d'élections ; les élus reparlent de transformer la gare Godillot en Maison des associations alors qu'ils en avaient déjà parlé la veille des élections de 1995 sans avancer d'un iota. Pire, ils ont contribué à casser la seule expérience de local associatif autonome, rue Farcot, en poussant à l'expulsion des occupants du lieu réquisitionné.

Ses pouvoirs ne sont pas négligeables aussi sur l'environnement, elle peut ainsi nous donner des poubelles bleues et laisser brûler l'une des plus grosses usines d'incinération de la région depuis maintenant plus de cent ans. La municipalité peut aussi faire des pistes cyclables, elle l'a même en tête alors que cela lui paraissait farfelu, depuis des années. Ses pouvoirs d'intervention sont aussi importants au niveau de la culture, des vacances des enfants, de l'aide sociale, du sport (au fait ça devient quoi cette histoire d'aménagement du stade Bauer dont on nous a cassé les pieds pendant des mois ?), de l'aménagement des puces...

Bref, la municipalité a une foule de moyens d'agir et la réapparition sur le marché de nombreux candidats à la gestion de la ville montre que ce pouvoir ne laisse pas indifférent.

Cela dit, que ferions-nous, nous qui critiquons ce pouvoir municipal ? Et bien, nous n'en voulons pas de ce type de pouvoir ! Nous ne voulons pas participer à un pouvoir qui sera maître de la ville pendant six années sans rendre de comptes à ceux qui les ont élus. Nous voulons que le pouvoir municipal soit aux mains de la population, nous voulons que ceux qui y siègent soient désignés par des assemblées de quartier où les habitants puissent réellement exprimer leurs problèmes, leurs envies, leurs projets... Nous voulons que ces élus puissent être changés quand les assemblées le décident mais aussi qu'ils ne puissent pas avoir des mandats interminables. Nous ne voulons pas passer un demi-siècle avec deux seuls maires comme cela a eu lieu à Saint-Ouen depuis l'après-guerre. Nous voulons pouvoir contrôler les actions des personnes que nous aurons élues, nous voulons qu'elles nous rendent des comptes et les révoquer quand nous le voudrons. Nous voulons aussi que les employés municipaux s'organisent eux-mêmes sans hiérarchie mais avec les assemblées d'habitants.

« Vous êtes fous, la population et les travailleurs ne sont pas prêts ? » vont nous rétorquer tous les prétendants au pouvoir. Et bien, travailleurs, mal-logés, sans-papiers, chômeurs, exploités, tous ceux qu'on ne veut plus voir au nom de la mixité sociale... organisons-nous nous-mêmes pour prendre en main nos affaires, développer des réseaux de solidarités, agir concrètement au quotidien et luttons pour que la politique municipale prenne en compte nos revendications sans attendre d'avoir à donner notre voix une fois tous les six ans. Mais si la municipalité a de plus en plus de capacités, elle ne peut pas tout, et un combat pour une Commune où le peuple ait le pouvoir passe aussi par une lutte quotidienne dans les usines et les bureaux pour que les travailleurs mettent fin au pouvoir des capitalistes qui s'entendent parfois si bien avec « nos » élus.

Laurent

ALSTOM

Lois Aubry, lois pourries !

Alstom TSO (transformateurs Saint-Ouen). La Direction aurait pu espérer une ambiance plus calme dans l'usine, après avoir annoncé en janvier qu'il n'y aurait aucun licenciement " sec ". Mais voilà qu'elle s'attaque à un autre dossier : les 35 heures. Et c'est un nouveau débrayage, le 14 février. Les travailleurs envahissent la salle de " négociation ". Pendant une heure se succèdent les revendications en direct." Si on doit pointer en bleu, je serai obligé de prendre un autre train et de me lever une demi-heure plus tôt, à 4 H 45 au lieu de 5 H 15 ". C'est aussi le problème des 15 minutes de pause casse-croûte du matin qui doivent être supprimées (pourtant indispensable quand on se lève à 5 heures du matin). Le problème du temps de travail de nuit qui doit être allongé. Celui du temps de trajet des travaux extérieurs, avec le matériel et la camionnette, qui ne serait plus compté comme temps de travail effectif, etc.

Un point commun à toutes ces innovations : cette notion de " temps de travail effectif ", justement. C'est un élément fondamental de la loi Aubry ! Et qui a osé dire "Loi Aubry, loi pourrie" ? Pas ceux qui soutiennent de près ou de loin le gouvernement de Gauche. C'est à cause d'eux qu'on en est réduits à se battre chacun dans son coin, entreprise par entreprise, contre tous les pièges de cette loi.

Loïc

LOGEMENT

Lutte des habitants de l'hôtel Lucia

Les habitants de l'hôtel Lucia, situé rue du Plaisir, sont en lutte pour obtenir des logements corrects. Ces familles sont composées pour la plupart de travailleurs immigrés travaillant dans le nettoyage et ont toujours rencontré des difficultés à se loger. Leur propriétaire avait promis de faire des travaux dans cet immeuble vétuste. Mais il a juste commencé à changer l'installation électrique dans quelques chambres et a arrêté les travaux sans prévenir. Les habitants après lui avoir demandé de poursuivre les installations, ont entamé une grève des loyers.

Cette action n'a pas fait changer l'attitude de ce marchand de sommeil qui a décidé de leur couper l'eau et l'électricité. Cette situation dure depuis deux ans ! Les habitants ont entamé différentes actions pour rétablir leur droit, mais jusqu'ici ilsont juste obtenu qu'une arrivée d'eau soit installée dans le caniveau à une vingtaine de mètres de l'immeuble ! La préfecture a reconnu que l'hôtel ne pouvait plus, vu son insalubrité, être habité, pourtant des familles entières continuent à résider avec parfois quatre enfants dans des chambres de moins de 15 mètres carrés.Le propriétaire quant à lui a obtenu un jugement du tribunal demandant l'expulsion des familles pour loyers impayés ! Mais la nouvelle loi sur le logement (du 14 décembre 2000) reconnaît le droit aux habitants de logements reconnus insalubres par les autorités publiques de ne plus payer leur loyer jusqu'à ce que des travaux soient réalisés. Les habitants ont été condamnés avant le vote de cette loi, et n'ont donc pas pu en bénéficier. Ils font appel de la décision de justice et comptent sur une condamnation du propriétaire.

Les habitants ont tous fait des demandes de logements sociaux depuis parfois plus de 15 ans ! Mais si les pouvoirs publics reconnaissent que l'immeuble doit être fermé, la Mairie estime que les habitants doivent être relogés... dans un autre hôtel ! Les familles se battent, elles, pour avoir de véritables logements !

Laurent

TAXIS

G7, Racket !

Mercredi 21 février, 80 locataires de la compagnie de taxis G7 ont bloqué les garages de cette société située rue Eugène Berthoud. Ils protestaient contre le tarif auquel G7 (*) leur loue les véhicules. Louer une Mercedes coûte 704 francs par jour sans le carburant pour les chauffeurs. " Ceci nous oblige à travailler 7 jours sur 7, 10 heures par jour " explique l'un d'eux. Ce système de location est une véritable arnaque pour ces travailleurs qui ne sont considérés ni comme des salariés, ni comme des artisans ; ce qui les prive de droits sociaux. Après de longues négociations, le 27 février, la direction leur a promis une annonce de baisse des tarifs pour dans 3 semaines et les chauffeurs ont suspendu leur mouvement. A terme, c'est l'application de l'arrêt de la Cour de cassation du 19 décembre 2000 qu'ils recherchent car elle permettra la requalification du contrat de location en contrat de travail. Ceci pourra leur ouvrir les droits de tous salariés... en attendant l'abolition du salariat.

Laurent

(*) Dont le PDG André Rousselet fut l'ami de Mitterrand et le fondateur de la première chaîne à péage, Canal +.

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