S O L

Saint-Ouen Luttes

L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes

 

PRESENTATION THEMATIQUE

Dans les boîtes de Saint-Ouen...

et d'ailleurs...

Saint-Ouen Luttes n°12 du 8 avril 2001 :

 Yaourts, Profits et ANPE

On se lève tous contre Danone !

Le petit LU et la Danette ont un goût amer par les temps qui courent, surtout si on fait ces courses chez Marks and Spencer...

Danone ? Résultats pour l'année 2000 : un chiffre d'affaires de plus 10,2 %, des bénéfices en augmentation de 13,2 % pour les actionnaires, les biscuits plus 7,5 %. Les salariés ont eux eu 0,5 % d'augmentation et le licenciement en prime.

Les objectifs de Danone ? Faire passer la production de 43 à 57 % et réduire les coûts de 16 %. Pour ce faire, Danone ferme 6 usines dans 5 pays. Pour restructurer le pôle "biscuit", la marque LU, Belin, Heudebert licencie 1700 salariés en France, 3000 sur les 15000 qui travaillent en Europe, et 28 000 dans le monde.

Le but du PDG Riboud ? Faire remonter les bénéfices des actionnaires de cette activité (8 %) quand les deux autres piliers de la maison (produits laitiers et eaux minérales) sont à 11 et 12 %. A noter que le livret A pour les travailleurs est à 3 %.

Pour les patrons, la solution réside en une bonne vague de suppressions d'emplois pour les travailleurs c'est la mise à la porte des licencieurs qui s'imposent.

Relou

BOSCH

De Beauvais à Saint-Ouen.

Le 8 mars, les ouvriers de l'usine Bosch Systèmes de freinage de Beauvais sont venus manifester à Drancy, à l'occasion d'un CCE extraordinaire, contre un projet de licenciements. Entre 300 et 400 emplois sont menacés sur 800. " On en a ras-le-bol ! On est dégoûtés par ce qui se passe dans l'usine. En 34 ans de boite, je n'ai jamais vu une pression pareille ", affirme Geneviève, 59 ans. Voilà ce qu'on pouvait lire dans le journal du lendemain. Mais ce que les journaux n'ont pas relaté, c'est qu'après avoir interrompu la réunion de CCE à Drancy, les travailleurs de Beauvais sont venus à Saint-Ouen. Avenue Michelet, en effet, se trouve l'ancienne usine Bosch devenue le siège de Bosch France. La production a été délocalisée il y a plusieurs années à Rodez et à Vénissieux. Celle de l'usine de Beauvais devrait être, selon les syndicats, délocalisée en Pologne, en Turquie et au Portugal. Mais les patrons peuvent délocaliser à l'autre bout du monde, ils auront nécessairement affaire à des ouvriers qui se battront. Celui de l'avenue Michelet l'a bien senti. Quand les travailleurs ont défilé dans les bureaux et qu'ils sont montés à la cantine, il a rebroussé chemin, apparemment pour ne pas avoir l'air avoir l'air d'un manifestant !

Loïc

 

Seine-Saint-Denis

Citroën Aulnay-sous-Bois

Des intérimaires relèvent le gant. Huit intérimaires de l'usine Citroën d'Aulnay poursuivent la direction en justice pour abus en matière de contrats temporaires. Contrats qui après deux à cinq ans de travail ininterrompu n'ont rien de temporaire. Ces travailleurs exigent donc une requalification de leur contrat d'intérim en contrat à durée indéterminée. Il ne s'agit pas d'une erreur de la direction mais d'une politique délibérée d'utilisation d'une main d'oeuvre précaire pour faire pression sur les salaires et les conditions de travail. Ces pratiques sont inadmissibles, surtout lorsqu'on sait que le groupe a fait un bénéfice net de 8,6 milliards de francs, en hausse de 80 % par rapport à 1999.

Léo

TAXIS

G7, Racket !

Mercredi 21 février, 80 locataires de la compagnie de taxis G7 ont bloqué les garages de cette société située rue Eugène Berthoud. Ils protestaient contre le tarif auquel G7 (*) leur loue les véhicules. Louer une Mercedes coûte 704 francs par jour sans le carburant pour les chauffeurs. " Ceci nous oblige à travailler 7 jours sur 7, 10 heures par jour " explique l'un d'eux. Ce système de location est une véritable arnaque pour ces travailleurs qui ne sont considérés ni comme des salariés, ni comme des artisans ; ce qui les prive de droits sociaux. Après de longues négociations, le 27 février, la direction leur a promis une annonce de baisse des tarifs pour dans 3 semaines et les chauffeurs ont suspendu leur mouvement. A terme, c'est l'application de l'arrêt de la Cour de cassation du 19 décembre 2000 qu'ils recherchent car elle permettra la requalification du contrat de location en contrat de travail. Ceci pourra leur ouvrir les droits de tous salariés... en attendant l'abolition du salariat.

(*) Dont le PDG André Rousselet fut l'ami de Mitterrand et le fondateur de la première chaîne à péage, Canal +.

Laurent

Saint-Ouen Luttes n° 11 du 1er mars 2001

 
CITROEN - SAINT-OUEN

Une claque pour la direction !

Les élections professionnelles du 13 Novembre ont été une victoire pour les travailleurs et la CGT de l'entreprise. Pour la première fois depuis 30 ans la CGT est devenue majoritaire au premier collège, ouvriers et employés avec 51% des voix.

Aux presses, la CFT, le syndicat patronal créé en 1968 était un nid de gros bras contre les militants ouvriers. En 1977, quand un militant de la CGT en province, aux Verreries mécaniques en grève fut assassiné, la CFT changea de nom, devint la CSL. Après les grèves de 1982 et 1984 la direction mit les gros bras sur la touche, mais les pressions continuèrent. Après 1998 la direction lâche un peu la CSL pour les autres syndicats dits représentatifs, FO, CGC, CFTC, voire CFDT. Mal lui en prit, ce fut la CGT qui en récolta le bénéfice. A l'usine Citroën de Rennes ce fut ce syndicat qui devint en septembre 2000 le premier syndicat avec 38% des voix. Avec des salaires qui stagnent autour de 7000 f, le travail du samedi nonpayé en heures supplémentaires, l'obligation de ne prendre que trois semaines de congés payés en août, la charge de travail toujours augmentée, les travailleurs ont manifesté leur ras-le-bol de la direction et du syndicat à sa botte.

Le deuxième tour après les élections, ce sera l'offensive pour des salaires décents.

Léo

Saint-Ouen Luttes n°9 du 15 décembre 2000

Non au licenciement d'une infirmière à l'hôpital d'Argenteuil !

Le 14 août, le directeur de l'hôpital d'Argenteuil a licencié Edith Lecocq qui exerce son métier depuis 30 ans dont 5 dans cet hôpital sous prétexte de s'être rendue dans un autre service lors d'une garde de nuit, pratique pourtant courante. Après avoir créé un syndicat SUD, il y a un an, elle militait contre les conséquences de l'introduction des 35 heures en équipe de nuit qui aurait fait perdre 2000 F aux infirmières. Avant même de prendre la sanction que l'on sait, la direction l'a mutée en journée avec une perte de salaire de 3000 F. Un comité de défense s'est constitué pour obtenir sa réintégration au poste qu'elle occupait.

Léo

Saint-Ouen Luttes n°7 du 30 septembre 2000

SAINT-OUEN

PCA Citroën Saint-Ouen condamné

Citroën Saint-Ouen a été condamné par la justice à payer des sommes allant de 40 000 F à 120 000 F à cinq militants de la CGT. Pendant des dizaines d'années, ils ont tous été bloqués dans leur évolution de salaires à cause de leur activité syndicale, n'ont jamais eu de promotion individuelle. Citroën a toujours fait la chasse aux militants de la CGT et a soutenu par tous les moyens le syndicat patronal, la SIA, l'ex-CSL, anciennement CFT, qui s'était tristement illustré pour ses exactions contre les travailleurs. Pendant très longtemps les élections dans l'entreprise étaient truquées. Les ouvriers devaient ramener le bulletin de vote CGT à leur chef, certains électeurs soupçonnés d'être de la CGT étaient interdits de vote, d'autres dénoncés par les mouchards de la direction.

C'est bien connu, pour avoir de la rallonge à Citroën, les ouvriers doivent être dans la ligne, les autres ont toujours eu leurs salaires bloqués, et pas seulement les délégués. Pour avoir la paix sociale, le système Citroën, que le directeur actuel Folz prétend changer, a bien servi la société PSA, devenue PCA (Peugeot Citroën Automobile) : c'est-à-dire, les plus bas salaires dans l'automobile et le syndicat à sa botte pour signer les accords pourris, y compris les 35 heures (3 semaines de congés d'été, 1000 F de moins par mois à cause de l'annualisation, etc...) Ce système, un juge l'a condamné, mais pour le changer? La lutte collective des travailleurs s'impose.

 

 

 

Léo

Saint-Ouen Luttes n°6 du 21 Juillet 2000

EDITORIAL

Les Cellatex ont eu bien raison

La décision des 153 ouvrières et ouvriers de la Cellatex de déverser de l'acide sulfurique dans un ruisseau affluent de la Meuse, après avoir menacé de faire sauter dans l'usine une cuve de 56 000 litres du même produit, a pesé lourd dans le choix des pouvoirs publics de céder aux revendications des grévistes. Cela, malgré les déclarations du Ministre de l'intérieur Chevènement ne jugeant pas "acceptable de prendre en otage les populations avoisinantes". Lorsque Rhône Poulenc décide de mettre en liquidation judiciaire la Cellatex, le 5 juillet, jetant les travailleurs à la rue, n'est-ce pas aussi un coup de force brutal ?

D'ailleurs, la population environnante, en particulier celle de la commune de Givet, 7500 habitants, ne se sentait pas prise en otage par les salariés qui menaçaient de faire sauter l'usine. Le supermarché directement visé par une explosion de l'usine a gratuitement ravitaillé les ouvriers en lait, eau et café "parce que l'on connaît beaucoup de gens" mais surtout parce que tout le monde a bien compris que la fermeture de l'entreprise rendrait la région encore plus invivable alors qu'elle ne s'est jamais remise de la crise de la sidérurgie.

Les travailleurs de la Cellatex n'ont pas eu tout ce qu'ils voulaient (2 ans de salaire et 150 000 F. d'indemnités de licenciement) mais ils en ont eu un bon bout (80 000 F, le maintien de leur salaire pendant deux ans, 80 % du salaire durant le congé de conversion de 12 mois). Une chose est certaine : ils n'auraient eu que "des clopinettes" s'ils ne s'étaient pas montrés menaçants.

La bourgeoisie s'inquiète car l'exemple fait des émules. Le mercredi 19 juillet, dans la banlieue de Strasbourg, les salariés d'une brasserie, vouée à la fermeture par Heineken, ont menacé de faire sauter des bonbonnes de gaz si on ne leur donnait pas satisfaction. Mais la menace de faire sauter l'outil de production est une arme de désespoir, on ne va pas faire sauter toutes les usines où il y a des bas salaires, des horaires dingues, des cadences infernales et des plans de licenciements.

Ce qu'il faut faire sauter ce ne sont pas les usines mais cette société pourrie et les gouvernements aux ordres des possédants qui saccagent les acquis sociaux, les salaires, les retraites, qui ruinent la vie de millions de travailleurs en les réduisant à la misère. Et pour ce faire il existe un explosif bien plus corrosif que l'acide sulfurique, la lutte offensive et collective des travailleurs.

Oui, il faut que ça pète et pour de bon, pour que la peur change de camp.

Saint-Ouen Luttes n°6 du 21 Juillet 2000

SAINT-OUEN

Les assistantes sociales en ont marre.

Le Mercredi 24 mai, les assistantes sociales et les secrétaires du service social, situé 19 rue des Rosiers, étaient en grève. Elles demandaient à être entendues par leur employeur, la Municipalité, afin d'améliorer la qualité de leur service. Celui-ci reçoit 150 personnes chaque jour, et les délais d'attente vont de 1 à 2 mois. Les professionnels épuisés ne restent jamais longtemps à Saint-Ouen et cherchent des postes ailleurs. Ils demandent donc une réorganisation de leur travail pour améliorer la qualité de l'accueil, plus de personnel et de moyens financiers. Ils refusent aussi « d'être les exécutants au service d'une politique de précarité » et dénoncent l'absence d'hébergements sociaux, de logements et de travail pour la population.

Laurent

Saint-Ouen Luttes n°5 du 23 Juin 2000

 

VALEO, ALSTOM, PARTOUT

Les travailleurs contre les profiteurs de l'amiante

Anciennement nommée Ferrodo, Valeo utilisait l'amiante comme matière première des plaquettes de freins, et Alstom essentiellement comme outillage de protection pour les soudures et les brasures. A ce titre, ces deux usines ont introduit dans Saint-Ouen des tonnes et des tonnes de ce matériau cancérigène.

Les travailleurs d'Alstom viennent d'avoir le résultat d'un procès en correctionnelle, à Bobigny, qu'ils ont intenté à leur ancien directeur pour " mise en danger d'autrui ". Le 18 mai, M. Pierre Krieger a été déclaré coupable et condamné à 50 000 francs d'amende avec sursis, plus 25 000 francs pour les syndicats CFDT et CGT. A notre connaissance c'est la première fois, en France, qu'un chef d'établissement est personnellement condamné dans une affaire d'amiante.

La lutte contre ce fléau mortel a démarré fin 1996, quand ils ont appris le décès d'un de leurs anciens camarades de travail, monteur-transformateur, décèdé suite à un cancer dû à l'amiante. Des centaines d'ouvriers à Alstom Saint-Ouen ont travaillé avec de l'amiante, et ils découvrent brusquement que l'amiante n'est pas seulement un produit nocif parmi d'autres, mais qu'il tue à retardement, entre 10 et 50 ans après inhalation de ses poussières ; et que les patrons, ingénieurs de sécurité, médecins du travail, ministres, experts, etc. savaient tout cela depuis des dizaines d'années.

Ils le savaient !

C'est en 1906 qu'un médecin du travail de Condé-sur-Noireau (Calvados) établit le rapport entre le travail de l'amiante et le décès d'une cinquantaine d'ouvriers. Dès les années 1930, on a mis en évidence qu'il s'agit de cancers. Dans les années 1960, les frères Blandin font breveter un produit de remplacement, qui est racheté par les trusts concernés (Saint-Gobain et Eternit) et l'invention est enterrée. En 1974, l'usine Amisol à Clermont-Ferrand est fermée, les ouvriers occupent l'usine et la font visiter. Des scientifiques de l'université de Jussieu, floquée à l'amiante, font le voyage à l'usine de Clermont-Ferrand Le scandale éclate.. La lutte aboutit à une loi de protection des travailleurs en 1977.

Puis, c'est la Gauche.

1981... L'ambiance est à la concertation, à la réforme par législations, à la collaboration entre syndicats et ministères. Un CPA (comité permanent amiante), proposé et financé par le patronat, est mis en place, qui réunit une quarantaine de spécialistes du patronat, des pouvoirs publics et des directions syndicales. Ce comité étudiera le problème pendant 15 ans, 15 années pendant lesquelles la France restera le premier importateur d'amiante dans le monde (350 000 tonnes par an), 15 années pendant lesquelles les travailleurs, les étudiants, etc. continueront à respirer des fibres mortelles, et les entreprises, à profiter.

Les années 1990.

Mais les maladies et les décès n'attendent pas : 2000 morts en 1996 selon l'INSERM (Institut national de recherche médicale). Une ANDEVA (association de défense des victimes de l'amiante) est fondée début 1996. Elle fait rapidement éclater à nouveau le " scandale de l'air contaminé ". Une loi interdit la vente et l'usage de l'amiante à partir du 1er janvier 1997. Mais la lutte continue. Les épidémiologistes prédisent un accroissement du nombre de décès, jusqu'à 10 000 par an (plus que les accidents de la route), pour un total cumulé à la finale, vers 2040, d'environ 100 000 morts en France. La pression ne se relâche pas. D'abord pour faire payer les responsables, tous les responsables : ceux du patronat commme ceux des pouvoirs publics. Mais aussi pour la prise en charge des victimes et de leur famille. Sur un minimum de 2 000 décès par an actuellement, seuls 86 ont été pris en charge au titre de la maladie professionnelle. Il faut savoir que, contrairement à l'assurance-maladie, la caisse des ATMP (accidents du travail et maladies professionnelles) est financée à 100 % par les cotisations patronales. D'où un barrage systématique des prises en charge.

Voilà dans quelle lutte sont engagés les travailleurs de Valéo et Alstom. Leur combat est celui de tous les travailleurs, car les flocages d'amiante, les freins en amiante, etc. étaient et sont encore présents dans les immeubles, les écoles, le métro...

Loïc

Saint-Ouen Luttes n°4 du 20 mai 2000

Travailler pour gagner sa vie, pas pour la perdre !

 

Après une douzaine de jours, la grève des convoyeurs de fonds continue. Malgré, la gêne occasionnée par l'absence de monnaie aux distributeurs, les travailleurs se sentent solidaires des grévistes. Pour 6500 francs par mois, risquer sa peau pour transporter les milliards des banquiers et des grandes surfaces, ce n'est pas une vie. Ils ne sont pas les seuls à avoir un métier à risque. Le bâtiment a fait 174 morts par an en 1997, les transports et la manutention 135, la métallurgie 76, etc. et pour des salaires qui mériteraient d'être augmentés d'au moins 1500 francs comme le demandent les convoyeurs de fonds. Les milliards de profits peuvent servir à améliorer les conditions de travail et la vie des travailleurs. Une poignée de salariés a le pouvoir de bloquer la machine économique des patrons. Or, les travailleurs ne sont pas une poignée, ils font tout marcher et peuvent tout changer.

Léo

Une vie de chien.

L'explorateur polaire Amundsen obtenait les meilleurs rendements avec ses chiens en leur faisant tirer les traîneaux seulement 6 heures par jour et reposer 18 et en leur accordant le repos hebdomadaire. En somme, la semaine de 36 heures ! Amundsen n'aurait jamais eu l'idée d'annualiser le temps de travail des chiens, les faisant travailler, par exemple, trois semaines d'affilée 48 heures en six jours, suivies d'une semaine de repos. Ce qui a été obtenu par les chiens de traîneaux d'Amundsen en 1911 ne l'est toujours pas pour les hommes de l'an 2000.

Léo

Saint-Ouen Luttes n°4 du 20 mai 2000

LOIS AUBRY - LOIS POURRIES

Grève à la carrosserie Lecoq

Vous connaissez peut-être la Carrosserie Lecoq, en face du marché Ottino, de l'autre côté de la rue Schmidt. A y voir arriver régulièrement des Rolls et des vraies voitures de musée, vous imaginez peut-être que les ouvriers qui y travaillent ont de bons salaires. Mais non, les Rolls, ce n'est pas pour les ouvriers ! L'attitude du patron pour l'application des 35 H Aubry a déclenché la première grève de l'histoire du garage. Première proposition du directeur en décembre : baisser les salaires de 11% (35 H payées 35) ! Deuxième proposition : supprimer la 6ème semaine de congés pour récupérer 5%. Le 1er février, c'est la grève, jusqu'au vendredi 4. Les travailleurs décident de créer une section syndicale. Et 17 sur 30 se syndiquent. Finalement, le patron promet de payer les 5%, mais sous forme d'une prime compensatoire, pas par un maintien du salaire de base. Dans l'immédiat, on ne change rien : les heures supplémentaires après 35 H seront majorées de 10%, sous forme de minutes à récupérer (conformément à la loi Aubry). Rien n'est donc réglé. Mais une chose au moins est très claire : le patron est averti qu'il y a des limites et que les ouvriers ne laisseront plus faire n'importe quoi.

Loïc

NOUVELLE EXPLOITATION

Les « Emplois » sauce Aubry

La municipalité de Saint-Ouen a "embauché" sept jeunes dans le cadre des emplois-jeunes au titre de " correspondants de ville ". Leur rôle : renseigner les habitants et faire un soi-disant lien entre la population et la mairie. Toujours dans le cadre des " emplois-jeunes ", à Neuilly-Plaisance, centre de la Maltournée (93), une cinquantaine d'agents de proximité et d'environnement (APE), sous le statut d'emplois-jeunes, sont mis à la disposition de la RATP et de la SNCF pour cinq ans, payés 5100 F par mois. Ce salaire est subventionné à 80 % par l'Etat, et 55 F par jour par la RATP. Ils sont entrés en lutte le 21 février, et ont été rejoints par 17 de leurs camarades d'Aulnay qui travaillent avec eux sur la ligne de RER B. Ils ont ainsi rejoint leur 90 collègues des Hauts-de-Seine en grève pour les mêmes revendications. Les grévistes demandent à bénéficier du même statut que les emplois-jeunes de la RATP. Ils réclament 6000 F net par mois, des formations, des vêtements de travail adaptés au climat et la gratuité des transports sur les réseaux RATP et SNCF où ils travaillent.

Koé

Saint-Ouen Luttes n° 2 du 7 mars 2000

Lois Aubry, lois pourries.

Selon les discours de la Gauche plurielle, la loi sur les 35 heures devait servir à créer des emplois. Dans les faits, cette politique vise à alléger les coûts du travail pour le patronat, à précariser les salariés, à rendre les conditions de travail flexibles et à remettre en cause les avantages acquis.

SAMEDIS À CRÉDIT À CITROËN.

A l'usine d'emboutissage de Citroën Saint-Ouen, la direction met en place l'horaire dit des 35 heures avec l'intention avouée de faire tourner l'usine 7 jours sur 7, nuits comprises. Non seulement la direction veut imposer les jours et les horaires qui l'arrangent, mais elle veut le faire aux moindres coûts. Et la loi Aubry le lui permet.

Jusque-là des ouvriers acceptaient de venir travailler le samedi pour arrondir une paie très basse. Mais avec l'annualisation des salaires, ces heures supplémentaires du samedi ne sont plus payées en fin de mois, mais à prendre en récupération. Il s'agit d'heures supplémentaires à crédit. Et ce sont les ouvriers qui devraient faire crédit à leur patron !

Les travailleurs ont réagi. Le samedi 6 novembre, au lieu des 90 % de volontaires habituels, il n'y avait plus que 30 à 40 % de présents. Mais comme il n'y a pas de répit dans la guerre de la production, la direction a supprimé de fait le pont du 11 novembre. Le 12 a été annulé, le samedi 13 travaillé, et elle a même fait appel à des volontaires pour le 11 novembre. La direction menace de rendre les samedis obligatoires, mais pour le moment elle n'ose pas, craignant une réaction des travailleurs.

REPRESSION A CEGELEC.

Vous pouvez habiter à Saint-Ouen, travailler à Saint-Ouen, et faire grève à Nanterre. C'est ce qui est arrivé à des travailleurs de Cegelec en " chantier " depuis des mois comme électriciens sur le site Alstom Saint-Ouen. Dans le cadre de la loi Aubry de juin 1998, suivie d'un accord de branche des BTP en novembre 1998, le patronat de l'Equipement électrique dénonce toute une série d'accords datant des années 1969-1970 (des acquis de la grève de mai 1968) : prime de panier, prime d'outillage, majoration des heures de nuit, paiement des petits déplacements, etc.

La grève a démarré le 4 octobre. Immédiatement la Direction saisit la justice, et une semaine après c'était l'intervention policière. Mais cela ne suffit pas à la Direction. Elle entame des procédures de licenciement contre 13 grévistes, dont 6 délégués. Tous seront finalement réintégrés avec trois jours de mise à pied. Mais ils ont saisi les Prud'hommes pour faire respecter le droit de grève.

CONSTRUIRE LA RIPOSTE.

La loi Aubry est une attaque contre les travailleurs sous le couvert de diminuer le temps de travail. Le patronat, par la voix du Medef, se dit indigné de cette loi, mais il se frotte les mains car tout le bénéfice est pour lui. Bien sûr, il faut réduire le temps de travail. Les 40 heures, pourtant arrachées de haute lutte par les grèves de 1936, n'ont pas empêché les patrons de faire faire 50 heures par mois et plus aux travailleurs des années 1960. La loi dite des 35 heures " sauce Aubry " est, elle, un véritable piège pour imposer la baisse des salaires et la flexibilité. La loi Aubry octroyée d'en haut n'est pas une conquête sociale. On aura que ce qu'on prendra. Seule la lutte sociale peut payer.

Koé, Laurent, Loic.

ÎLE DE FRANCE

11 000 lits d'hôpitaux supprimés

Près de la moitié des 24 000 lits d'hôpitaux qui devraient être supprimés en France d'ici 2005 devraient l'être en région parisienne. Déjà on peut voir les urgences débordées, les files d'attentes pour les prises en charges chirurgicale et on assiste à la fermeture des maternités de proximité. La pénurie de lit va de pair avec la réduction du personnel hospitalier. L'épidémie de grippe qui a entraîné des hospitalisations supplémentaires a encore aggravé cet état de choses. En Angleterre, pour des raisons identiques il y a eu des décés faute de pouvoir être hospitalisé. Sous prétexte de rentabilité des hôpitaux, à quand un lit pour deux comme au Moyen Age.

Koé

Saint-Ouen Luttes n°1 du 7 février 2000

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