S O L

Saint-Ouen Luttes

L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes

PRESENTATION THEMATIQUE

les éditoriaux.

 

Saint-Ouen Luttes n°12 du 8 avril 2001 :

Lu-Danone, cheminots...

Oui à la riposte, tous ensemble !

A peine le résultat des municipales proclamé, que le patronat remet ça. Encore une nouvelle vague de licenciements. Danone ferme ses usines de Ris-Orangis et de Calais. Marks et Spencer, Dim, Bosch, Bull, Delphi et bien d'autres entreprises proclament leur intention de jeter des milliers de travailleurs sur le pavé.

Parce que les affaires ne marchent pas ? Bien au contraire, "il vaut mieux licencier quand tout va bien" a déclaré cyniquement un responsable de Danone. "Il faut rendre du cash aux actionnaires (21 milliards de francs) d'ici fin mars 2002" renchérit un responsable de Marks et Spencer.

Que fait le gouvernement ? Il a protesté pour Marks et Spencer ; c'est une firme anglaise ! ; et rien de précis sur Danone qui vient de recevoir des subventions publiques de l'Etat français.

La gauche plurielle pourrait faire adopter par le Parlement où elle est majoritaire une loi interdisant les licenciements. Il n'en est pas question. Jospin, au service des capitalistes affirme qu'il va "maintenir son cap" ; sur les profits, bien sûr. Ras-le-bol des licencieurs et de leurs larbins au gouvernement. Les élections municipales se sont révélées un désaveu pour les socialistes et leurs alliés au gouvernement. Mais ce désaveu ne s'exprime pas uniquement dans les urnes. La grève à la SNCF continue avec force, bien au-delà des journées tournantes appelées par les syndicats. Les conducteurs de bus, les traminots, les sages-femmes, les caissières de supermarché Auchan, ne sont pas les derniers à faire grève.

Une ouvrière de Danone à Calais a appelé au Boycott des produits Lu. Pourquoi pas. Une manifestation commune de tous les travailleurs pour l'interdiction des licenciements, ce serait encore mieux. Mais ce qui serait vraiment nécessaire, c'est une mobilisation de tous pour des salaires décents, les retraites, contre la flexibilité, la précarité, la surexploitation. Pour cela, il ne faut compter ni sur cette gauche aux ordres du patronat, ni sur des appareils syndicaux toujours prêts à appuyer des journées tournantes sans lendemain ou corporatistes.

C'est aux travailleurs eux-mêmes de prendre des initiatives pour prendre les choses en main.

Face aux attaques du MEDEF et du gouvernement

Va-t-on en rester là  ?

Succès pour les journées de grève et de manifestations du jeudi 25 janvier pour s'opposer aux projets du MEDEF de remettre en cause la retraite à 60 ans ! Succès pour la journée du 30 face à l'état patron qui veut réduire encore le pouvoir d'achat des fonctionnaires (0,5% d'augmentation pour 2001) ! 350 000 manifestants pour le 25, 150 000 pour le 30, on n'avait pas vu tant de mécontents depuis 1995. Les attaques du gouvernement et du patronat contre les travailleurs se succèdent. Jospin a mis en place les 35 H, permettant la flexibilité et le blocage des salaires. Il refuse d'augmenter le salaire minimum. Le MEDEF, avec le prétendu plan de retour à l'emploi (PARE) va imposer aux chômeurs n'importe quel emploi sous-payé.

Le baron Seillère veut maintenant s'en prendre aux retraites et imposer 45 années de cotisations pour une retraite à taux plein. Il use même de chantage en demandant aux patrons de ne plus payer leur part de cotisations à l'ASF, ce qui réduirait les retraites complémentaires d'environ 6 à 22% entre 60 et 65 ans. L'ampleur des manifestations inquiète Jospin qui voudrait conquérir l'Elysée et les socialistes garder Matignon. Comme il ne faut pas trop mécontenter les électeurs, Jospin parle donc de payer le déficit annoncé avec l'argent de l'état, c'est-à-dire avec l'argent des contribuables. C'est d'autant plus inadmissible qu'il n'y a pas de déficit. C'est du bluff patronal. Le MEDEF parle de déficit en 2005, or les réserves cumulées de l'AGIRC (cadres) et de l'ARRCO (salariés) aboutiront à 200 milliards d'excédents en 2020. La réalité, c'est qu'avec la complicité du gouvernement le patronat voudrait prendre l'argent des travailleurs pour spéculer. Face à ces agressions les confédérations syndicales ont appelé (plus ou moins) ensemble le 25 et les travailleurs du public ont manifesté avec le privé pour la première fois depuis bien longtemps. Mais en même temps, pour diviser, les confédérations appelaient les fonctionnaires à manifester le 30 sur les salaires.

C'est la politique de la mobilisation en ordre dispersé, la RATP le 1er février et pour couronner le tout, le 6 février les hospitaliers manifesteront à part. Les attaques du patronat et du gouvernement nécessitent une riposte d'ensemble. Nous avons pour nous le nombre de mécontents. C'est à nous de ne pas accepter le cloisonnement des luttes. Ce ne sont pas des défilés sans lendemain qui feront reculer le patronat et le gouvernement.

Si l'on veut qu'ils lâchent prise sur les retraites, jusqu'à ce qu'on obtienne les augmentations de salaire qui nous sont nécessaires pour vivre, il nous faudra remettre ça par de nouvelles grèves et de nouvelles manifestations.

Saint-Ouen Luttes n° 10 du 1er février 2001

EDITORIAL

A Nice et après ?

L'Europe des capitalistes et des banquiers est en marche. A petits pas, mais elle avance. Après l'Euro, ce qui est visé est l'élargissement de l'Europe a une douzaine de nouveaux membres après 2003. D'où la nécessité de modifier les institutions alors que chaque état n'a en vue que ses intérêts propres et les profits des multinationales. On avance dans un panier de crabes et là-dedans Jospin et Chirac ont joué les parfaits duettistes pour défendre l'emmenthal français, nos voitures et nos vaches folles nationales.

A la veille du sommet, des dizaines de milliers de syndicalistes et manifestants anti-mondialistes sont venus manifester pour réclamer une "Europe sociale". Venus avec difficulté parfois comme ces chômeurs qui ont été brutalisés par la police alors qu'ils entendaient monter dans les trains pour se rendre à Nice, bloqués aux frontières, incarcérés, poursuivis en justice, matraqués sur place dans une ville quadrillée par des milliers de policiers.

La surprise est venue des syndicats affiliés à la Confédération européenne des syndicats (CES), ils ont été des dizaines de milliers à manifester, les syndicats français, les plus nombreux, les syndicats allemands, italiens, polonais, etc. Mais les Blondel (FO), Thibault (CGT), Notat (CFDT) étaient bien plus préoccupés de leur style et d'affirmer leur force au sein de la CES que d'affirmer une politique. C'est une bonne chose que les travailleurs de tous les pays se tendent la main, même si c'est au travers de bureaucratie syndicale. En effet, partout en Europe, la bourgeoisie aggrave la situation des travailleurs, leurs conditions de travail et rogne leurs salaires. Mais les directions syndicales se sont bien gardées d'avancer des perspectives : des augmentations de 300 euros (2000 F) pour tous, des minima sociaux (10 000 F) nets, l'interdiction des licenciements, l'embauche dans les services publics, la fin des petits boulots et de la précarité.

Oui l'Europe sociale est une nécessité. Elle se construira dans des luttes offensives, avec des perspectives claires, pour chambouler cette société malade du fric et du profit.

Saint-Ouen Luttes n°9 du 15 décembre 2000

Quelles perspectives pour la lutte du peuple palestinien ?

Depuis plus d'un mois, au prix de plus de cent morts et de milliers de blessés, les Palestiniens révoltés s'opposent à l'armée israélienne. Ils ont raison de se soulever, de ne plus vouloir croupir dans les camps de réfugiés, certains depuis 1948, date de création de l'Etat d'Israël.

Fuyant l'Europe, l'antisémitisme, les pogroms, les Juifs s'installèrent en Palestine où les habitants n'étaient pour rien dans les horreurs qu'ils avaient subies. Au lieu de proposer une entente fraternelle aux travailleurs arabes, les nationalistes juifs, les sionistes qui se prétendaient socialistes, pratiquèrent la politique du "pousse toi de là que je m'y mette" au travers de guerres successives avec l'appui de l'impérialisme américain. L'Etat d'Israël devint le gendarme du Moyen-Orient.

La révolte des pierres de 1967 à 1993 déboucha sur la création de "territoires autonomes" ou les Palestiniens restèrent parqués sous surveillance militaire israélienne et de l'autorité palestinienne d'Arafat. Arafat, ce nationaliste palestinien ne rêve que d'un état fantoche, un micro-état à Gaza et en Cisjordanie, avec l'appui des Etats arabes qui soutiennent les Palestiniens en parole mais les ont massacrés à plusieurs reprises, car, par contagion, la révolte menaçait leur propre régme.

Le Hamas (les intégristes) tente de profiter de la perte de crédit d'Arafat pour transformer la révolte sociale et politique en guerre religieuse. En Europe, les intégristes, l'extrême droite et autre salopards ont mis le feu à des synagogues sous prétexte de solidarité avec les palestiniens.

Cette politique d'attentats aveugles est la même que celle pratiquée par l'OLP et le Hamas. Elle creuse le fossé entre juifs et arabes et jette les juifs d'Israël dans les bras de l'extrême droite israélienne de Sharon.

La seule issue à la révolte légitime des Palestiniens est de chercher le soutien de ses véritables alliés, les pauvres et les travailleurs arabes et juifs pour abattre les régimes dictatoriaux du Moyen-Orient et en finir avec les exactions de cet Etat d'Israël qui se dit démocratique et qui voudrait transformer les petits-enfants des rescapés du génocide nazi en gardiens de ghettos palestiniens.

Saint-Ouen Luttes n°8 du 5 novembre 2000

 

Au nom de la "mixité sociale", on veut virer les pauvres !

Le Conseil municipal d'Aubervilliers, à l'unanimité (PC, PSŠ avec l'abstentionŠ d'un Vert) a demandé l'expulsion d'une soixantaine de familles qui squattaient des logements sociaux (vides depuis plusieurs années) de la Cité de la Maladrerie. 23 familles ont déjà été expulsées en août et les autres risquent de l'être d'ici la mi-octobre. Celles qui sont encore dans les logements ont eu l'électricité coupée à la demande de la Municipalité qui s'est aussi opposée à la scolarisation d'une partie des enfants. A Saint-Ouen, la Municipalité qui avait déjà poussé à l'expulsion de tsiganes a essayé d'empêcher les squatters d'un immeuble d'obtenir l'accès à l'eau et au téléphone. A Montreuil, des familles qui occupent une maison appartenant à une société d'économie mixte se voient privées d'eau et d'électricité et menacées d'expulsion à la demande de la Municipalité. Celle-ci bloque en outre l'accès des jeunes enfants au service de la Protection de la Maternité Infantile (PMI). Les familles luttent contre ces atteintes à leurs droits minimaux : campement devant la mairie d'Aubervilliers, occupations de la mairie de Montreuil, d'agences d'Edf, de France Telecom, de la Générale des eaux et manifestations se succèdent.

Jack Ralite, maire (PC) d'Aubervilliers dans un entretien donné au Parisien considère que « La Seine-Saint-Denis, et plus particulièrement Aubervilliers, accueille de nombreux immigrés. Si ce mouvement continue, nous allons faire de ce département le plus solidaire de France un ghetto. Je m'y refuse. » Au nom du "principe de mixité sociale" les maires de la proche "banlieue rouge", souvent communistes mais le plus fréquemment à la tête de coalitions municipales avec le PS, veulent diversifier leur population. Le principe de mixité sociale, qui va être examiné au Parlement dans le cadre d'une loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains obligerait les communes des agglomérations de plus de 50000 habitants à avoir au minimum 20 % de logements sociaux. Il toucherait donc les villes bourgeoises qui n'ont parfois aucun logement social et qui disposeraient d'un délai de vingt ans pour rattraper leur retard. Mais on peut se demander si les futurs HLM du Raincy ou de Neuilly ne vont pas plus servir à accueillir les cousins des cadres des organismes de logements sociaux et les enfants des élus politiques que les balayeurs maliens. Les pouvoirs publics n'ont pas proposé aux familles expulsées d'Aubervilliers un HLM à Passy ou dans le XVI° mais des chambres d'hôtels pour quinze jours !

Aujourd'hui, rien n'est changé pour les villes bourgeoises, mais les représentants des villes et quartiers populaires utilisent le principe de mixité sociale pour freiner l'accès des familles pauvres aux logements sociaux. Les logements restent vides, en l'attente de la classe moyenne, et de vastes ensembles de bureaux se construisent, quand nombre d'autres restent à louer. La "mixité sociale" qui selon ses défenseurs parviendra à faire cohabiter les pauvres et les riches, sert actuellement à expulser les travailleurs sous-payés de leurs logements. Pour lutter vraiment contre la misère, il faut lutter ensemble français, immigrés pour l'accès à la santé, à l'éducation, aux services culturels, au logement pour tous ; contre l'exploitation, pour l'égalité économique et sociale.

Laurent

 

Saint-Ouen Luttes n°7 du 30 septembre 2000

Les Cellatex ont eu bien raison

La décision des 153 ouvrières et ouvriers de la Cellatex de déverser de l'acide sulfurique dans un ruisseau affluent de la Meuse, après avoir menacé de faire sauter dans l'usine une cuve de 56 000 litres du même produit, a pesé lourd dans le choix des pouvoirs publics de céder aux revendications des grévistes. Cela, malgré les déclarations du Ministre de l'intérieur Chevènement ne jugeant pas "acceptable de prendre en otage les populations avoisinantes". Lorsque Rhône Poulenc décide de mettre en liquidation judiciaire la Cellatex, le 5 juillet, jetant les travailleurs à la rue, n'est-ce pas aussi un coup de force brutal ?

D'ailleurs, la population environnante, en particulier celle de la commune de Givet, 7500 habitants, ne se sentait pas prise en otage par les salariés qui menaçaient de faire sauter l'usine. Le supermarché directement visé par une explosion de l'usine a gratuitement ravitaillé les ouvriers en lait, eau et café "parce que l'on connaît beaucoup de gens" mais surtout parce que tout le monde a bien compris que la fermeture de l'entreprise rendrait la région encore plus invivable alors qu'elle ne s'est jamais remise de la crise de la sidérurgie.

Les travailleurs de la Cellatex n'ont pas eu tout ce qu'ils voulaient (2 ans de salaire et 150 000 F. d'indemnités de licenciement) mais ils en ont eu un bon bout (80 000 F, le maintien de leur salaire pendant deux ans, 80 % du salaire durant le congé de conversion de 12 mois). Une chose est certaine : ils n'auraient eu que "des clopinettes" s'ils ne s'étaient pas montrés menaçants.

La bourgeoisie s'inquiète car l'exemple fait des émules. Le mercredi 19 juillet, dans la banlieue de Strasbourg, les salariés d'une brasserie, vouée à la fermeture par Heineken, ont menacé de faire sauter des bonbonnes de gaz si on ne leur donnait pas satisfaction. Mais la menace de faire sauter l'outil de production est une arme de désespoir, on ne va pas faire sauter toutes les usines où il y a des bas salaires, des horaires dingues, des cadences infernales et des plans de licenciements.

Ce qu'il faut faire sauter ce ne sont pas les usines mais cette société pourrie et les gouvernements aux ordres des possédants qui saccagent les acquis sociaux, les salaires, les retraites, qui ruinent la vie de millions de travailleurs en les réduisant à la misère. Et pour ce faire il existe un explosif bien plus corrosif que l'acide sulfurique, la lutte offensive et collective des travailleurs.

Oui, il faut que ça pète et pour de bon, pour que la peur change de camp.

Saint-Ouen Luttes n°6 du 21 Juillet 2000

 

A qui profite le crime ?

Alors qu'ils tentaient de s'introduire clandestinement en Grande-Bretagne, 58 immigrés asiatiques ont trouvé la mort, asphyxiés dans un camion frigorifique néerlandais transportant des fleurs. Jack Straw, le ministre de l'intérieur britannique se dit consterné "par toutes ces vie perdues" et Jospin, lui, "ressent un sentiment d'horreur". Qui ne serait pas consterné ?
Mais si ces dirigeants versent des larmes "de circonstances", c'est leur politique qui engendre ces drames. La libre circulation en Europe pour les habitants des pays signataires des accords de Shengen a son revers : la fermeture des frontières aux immigrants en provenance des pays pauvres. Les pays riches s'offrent aux yeux des populations comme un mirage, un Eldorado qui mérite de prendre des risques même mortels pour l'atteindre. Les clandestins, des travailleurs comme nous seraient donc responsables de leur propre malheur, comme ces 200 africains, mort noyés du 1er janvier au 31 mai dans le détroit de Gibraltar après avoir payé 12000 F pour une mortelle traversée.
La presse montre du doigt les passeurs, les maffias chinoises, marocaines ou albanaises qui profitent de ce trafic de chair humaine. Assurément ils vivent en parasite, sur le dos de ces travailleurs en quête d'une vie moins sombre, mais qui en profite vraiment ? La presse n'en parle jamais. A l'arrivée, qui exploite le travail précaire, à des salaires de misère ?
Ce ne sont pas les mafias mais bel et bien les grandes sociétés capitalistes et leurs sous-traitants. Depuis des années des ateliers clandestins de textile ou de maroquinerie fleurissent en France ou en Allemagne. Et qui profite du travail des clandestins, si ce n'est les entrepreneurs du bâtiment ou du nettoyage ? Les travailleurs clandestins sont nos frères à l'image des travailleurs auvergnats, bretons, ou corréziens qui immigraient à Paris au siècle dernier. Il n'y a pas besoin d'être Sherlok Holmes pour trouver le responsable des 58 morts de Douvres et de toute cette misère, c'est le système capitaliste lui-même et cette bourgeoisie qui en profite.

Saint-Ouen Luttes n°5 du 23 Juin 2000

Le MEDEF en veut toujours plus...

Si les chômeurs et les précaires ont appelé à manifester le samedi 20 mai, c'est qu'ils ont bien des raisons de ne plus supporter la situation qui leur est faite, pas plus que les menaces que les patrons font peser sur les négociations de l'UNEDIC.

La convention UNEDIC vient en effet à expiration le 30 juin. Alors que les ASSEDIC n'indemnisent que 40 % des chômeurs, que les travailleurs précaires ne le sont pas, le MEDEF tente d'imposer encore plus de précarité à l'ensemble des travailleurs.

A la place des CDI, ils voudraient imposer des contrats de travail de 5 ans, ainsi les patrons n'auraient plus à licencier ni à payer d'indemnités.

D'autre part, l'indemnisation du chômage ne serait plus qu'un " contrat d'aide au retour à l'emploi ". Il serait établi un bilan de compétence pour chaque chômeur, suivi d'une proposition d'emploi ou de stage. Les indemnités seront supprimées en cas de refus afin d'obliger les sans-emploi à accepter des sales boulots payés au rabais, sous la menace de la pénalisation financière d'être radiés des ASSEDIC. Le patronat prétend faire la différence entre les " mauvais chômeurs ", les fainéants qui profiteraient du système, et les bons, qui accepteraient n'importe quel emploi à n'importe quel salaire.

L'objectif du patronat, avec la complicité du gouvernement en renforçant la pression sur les chômeurs, est d'accroître la flexibilité des salariés, de disposer d'une main-d'oeuvre de plus en plus précaire, sous-payée, non indemnisée.

Les profits patronaux sont en hausse, le budget de l'Etat en excédent, les caisses de l'UNEDIC sont pleines. Les projets du MEDEF sont scandaleux. Certains syndicats protestent en parole mais n'envisagent pas de riposte efficace à ces menaces. S'ils ne veulent pas en subir les conséquences catastrophiques, les travailleurs en activité et ceux privés d'emploi devront s'y opposer énergiquement.

Saint-Ouen Luttes n°4 du 20 mai 2000

EDITORIAL

Faire sauter les "fusibles", ça ne suffira pas !

Après avoir reculé devant la mobilisation des agents des impôts et lâché Sautter, Jospin face à la révolte des enseignants a dû congédier Allègre. Mais si les têtes changent, le gouvernement de la gauche plurielle entend bien continuer ses attaques contre les travailleurs pour répondre aux attentes du patronat.

Alors que les patrons continuent à licencier, il ne dit pas un mot, et rien non plus contre les projets du Medef de transformer les CDI en contrats de cinq ans, déjà utilisés avec les emplois-jeunes. La gauche gouvernementale, malgré ses protestations platoniques Šuvre dans le sens du patronat pour ramener les conditions de travail à celles du XIXe siècle. L'offensive contre les retraites, pour faire passer le nombre d'annuités de 37,5 à 40 années, se prépare. Pourtant, il suffirait de prendre sur les énormes bénéfices des entreprises pour payer ces retraites. La durée des cotisations devrait être ramené à 37,5 années, au plus, pour tous.

Les confédérations syndicales co-gestionnaires sont prudentes tout en laissant la porte ouverte pour les négociations autour du tapis vert. En effet, elles ont pu constater qu'aux dernières élections syndicales à la SNCF, la CGT qui avait signé l'accord a beaucoup perdu, alors que la CGT Talbot qui avait refusé a eu de sérieux gains. Les attaques contre les travailleurs des impôts, des postes, des hôpitaux, des écoles, du public comme du privé sont concernés. Ce qui est nécessaire c'est de ne pas lutter en ordre dispersé mais de généraliser les luttes.

Saint-Ouen Luttes n°3 du 14 avril 2000

EDITORIAL

Deux poids, deux mesures !

Augusto Pinochet, le dictateur chilien, responsable de milliers de morts, torturés, disparus ne sera pas jugé pour ses crimes. En Grande-Bretagne, le ministre de l'intérieur travailliste a décidé de le libérer pour raisons de santé. A peine arrivé au Chili, Pinochet s'est levé mircauleusement guéri, de sa chaise roulante et a passé des troupes en revue. Le président socialiste chilien, fraichement élu, a envoyé sa police contre des manifestants réclamant que justice soit faite. Il ne veut pas mécontenter l'armée, la même qui en 1973 avait pourtant renversé le gouvernement socialiste d'Allende pour le compte des USA et de la bourgeoisie chilienne effrayés de la mobilisation des ouvriers et paysans. La France proteste platoniquement car le commerce avec le Chili passe avant tout. Pinochet reste donc libre. Par contre aux USA, cette grande démocratie où la peine de mort n'est toujours pas abolie, les éxécutions capitales se succèdent pour les prisonniers de droit commun,les prisonniers politiques et les innocents... En effet, depuis 1976, 85 personnes, dont l'innocence a été prouvée, ont été exécutées. Mumia Abu Jamal, militant du mouvement noir, depuis 18 ans dans les couloirs de la mort dans l'Etat de Pensylvanie, risque, après une parodie de procès, d'être exécuté à tout instant. Clémence pour les dictateurs tortionnaires, vengeance barbare pour les opprimés et leurs défenseurs, tel est le véritable visage de leur démocratie.

Saint-Ouen Luttes n° 2 du 7 mars 2000

Tous ensemble pour manifester notre mécontentement.

Il y a un véritable ras-le-bol chez les travailleurs des services publics qui ne savent pas où donner de la tête. Grèves et manifestations se succèdent à la Poste, dans les hôpitaux, à la RATP, aux Impôts. Grogne à la Sécurité sociale et dans les CAF. Il manque des effectifs partout.

Les 35 heures sauce Aubry ont pour conséquence non pas l'embauche, mais au contraire, la réduction des effectifs, l'augmentation de la charge de travail, le grignotage des pauses, bref l'intensification de l'exploitation.

Les caisses de l'Etat et des grandes entreprises sont pleines. Les revenus de 28 000 dirigeants d'entreprise auraient augmenté de 60 % depuis un an. Jamais l'injustice sociale n'a été aussi grande. L'argent, il y en a. Mais pas pour les hôpitaux, la Poste, le logement ou la protection sociale.

La combativité des travailleurs se manifeste par à-coups, dans le secteur public et dans certaines entreprises privées. A l'Alstom Saint-Ouen, la découverte fortuite dans une " poubelle informatique " d'un plan de suppression de 184 postes a immédiatement suscité des débrayages dans l'usine.

Les chauffeurs routiers font des barrages contre l'allongement des horaires de travail accordés aux patrons par le gouvernement. Par la faute des directions syndicales, grèves et manifestations se déroulent en ordre dispersé. Pourtant, il est nécessaire de s'y mettre ensemble pour les mêmes revendications : pour une véritable réduction du temps de travail sans flexibilité, avec embauches correspondantes, pour une augmentation générale des salaires.

Saint-Ouen Luttes n°1 du 7 février 2000

 

Vous lisez SOL.

Les initiales de Saint-Ouen Luttes, ça fait "SOL".

"Sol" dans quel sens ? Do, ré, mi, fa, sol ? Oui. Car nous aimerions faire entendre un peu dans Saint-Ouen une autre musique. Nous n'entendons partout que des « ça va dans le bon sens »,

« Des emplois se créent », ou « Nous sommes dans un pays riche, démocratique et de gauche ». Eh ! bien, notre musique à nous, en sol mineur, nous dit que la situation se dégrade pour les travailleurs, et que, de plus en plus, il faut penser à des LUTTES.

" Sol " comme " plan d'occupation des sols " ? Oui, aussi. Nous serons terre à terre. Nous parlerons du travail, du logement, de l'école, de ce qui se passe à Saint-Ouen mais qui est lié à ce qui se passe dans toute la France et sur toute la TERRE.

" Sol " comme le sol, ancienne monnaie du Moyen Age et monnaie actuelle du Pérou ? Oui. Car si la situation se dégrade pour les travailleurs, pour les jeunes, les chômeurs, les retraités, etc., elle est florissante pour les capitalistes, patrons, financiers, boursicoteurs et PARASITES divers.

" Sol " comme soleil (du latin : sol, solis) ? Oui. Car, dans la difficulté, nous sommes optimistes. Nous pensons qu'un jour le soleil se lèvera sur cette société inhumaine. Les luttes isolées, un jour, deviennent générales, TOUS ENSEMBLE. Et la classe ouvrière, alors, déploie toute sa force, pour le plus grand bien de l'humanité.

Si vous lisez SOL, il est votre journal.

Si vous y écrivez, le diffusez autour de vous, ou aidez à le financer, il sera encore plus notre journal

Et il sera notre réseau local de solidarité pour les luttes. Pour une autre société.

Saint-Ouen Luttes n°0 décembre 1999

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