Saint-Ouen Luttes
Selon les discours de la Gauche plurielle, la loi sur les 35 heures devait servir à créer des emplois. Dans les faits, cette politique vise à alléger les coûts du travail pour le patronat, à précariser les salariés, à rendre les conditions de travail flexibles et à remettre en cause les avantages acquis.
SAMEDIS À CRÉDIT À CITROËN.
A l'usine d'emboutissage de Citroën Saint-Ouen, la direction met en place l'horaire dit des 35 heures avec l'intention avouée de faire tourner l'usine 7 jours sur 7, nuits comprises. Non seulement la direction veut imposer les jours et les horaires qui l'arrangent, mais elle veut le faire aux moindres coûts. Et la loi Aubry le lui permet.
Jusque-là des ouvriers acceptaient de venir travailler le samedi pour arrondir une paie très basse. Mais avec l'annualisation des salaires, ces heures supplémentaires du samedi ne sont plus payées en fin de mois, mais à prendre en récupération. Il s'agit d'heures supplémentaires à crédit. Et ce sont les ouvriers qui devraient faire crédit à leur patron !
Les travailleurs ont réagi. Le samedi 6 novembre, au lieu des 90 % de volontaires habituels, il n'y avait plus que 30 à 40 % de présents. Mais comme il n'y a pas de répit dans la guerre de la production, la direction a supprimé de fait le pont du 11 novembre. Le 12 a été annulé, le samedi 13 travaillé, et elle a même fait appel à des volontaires pour le 11 novembre. La direction menace de rendre les samedis obligatoires, mais pour le moment elle n'ose pas, craignant une réaction des travailleurs.
REPRESSION A CEGELEC.
Vous pouvez habiter à Saint-Ouen, travailler à Saint-Ouen, et faire grève à Nanterre. C'est ce qui est arrivé à des travailleurs de Cegelec en " chantier " depuis des mois comme électriciens sur le site Alstom Saint-Ouen. Dans le cadre de la loi Aubry de juin 1998, suivie d'un accord de branche des BTP en novembre 1998, le patronat de l'Equipement électrique dénonce toute une série d'accords datant des années 1969-1970 (des acquis de la grève de mai 1968) : prime de panier, prime d'outillage, majoration des heures de nuit, paiement des petits déplacements, etc.
La grève a démarré le 4 octobre. Immédiatement la Direction saisit la justice, et une semaine après c'était l'intervention policière. Mais cela ne suffit pas à la Direction. Elle entame des procédures de licenciement contre 13 grévistes, dont 6 délégués. Tous seront finalement réintégrés avec trois jours de mise à pied. Mais ils ont saisi les Prud'hommes pour faire respecter le droit de grève.
CONSTRUIRE LA RIPOSTE.
La loi Aubry est une attaque contre les travailleurs sous le couvert de diminuer le temps de travail. Le patronat, par la voix du Medef, se dit indigné de cette loi, mais il se frotte les mains car tout le bénéfice est pour lui. Bien sûr, il faut réduire le temps de travail. Les 40 heures, pourtant arrachées de haute lutte par les grèves de 1936, n'ont pas empêché les patrons de faire faire 50 heures par mois et plus aux travailleurs des années 1960. La loi dite des 35 heures " sauce Aubry " est, elle, un véritable piège pour imposer la baisse des salaires et la flexibilité. La loi Aubry octroyée d'en haut n'est pas une conquête sociale. On aura que ce qu'on prendra. Seule la lutte sociale peut payer.
Koé, Laurent, Loic.
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(c'est le dernier du numéro) |