LOGEMENT
Lutte des habitants de l'hôtel Lucia
Les habitants de l'hôtel Lucia, situé rue du Plaisir, sont en lutte pour obtenir des logements corrects. Ces familles sont composées pour la plupart de travailleurs immigrés travaillant dans le nettoyage et ont toujours rencontré des difficultés à se loger. Leur propriétaire avait promis de faire des travaux dans cet immeuble vétuste. Mais il a juste commencé à changer l'installation électrique dans quelques chambres et a arrêté les travaux sans prévenir. Les habitants après lui avoir demandé de poursuivre les installations, ont entamé une grève des loyers.
Cette action n'a pas fait changer l'attitude de ce marchand de sommeil qui a décidé de leur couper l'eau et l'électricité. Cette situation dure depuis deux ans ! Les habitants ont entamé différentes actions pour rétablir leur droit, mais jusqu'ici ilsont juste obtenu qu'une arrivée d'eau soit installée dans le caniveau à une vingtaine de mètres de l'immeuble ! La préfecture a reconnu que l'hôtel ne pouvait plus, vu son insalubrité, être habité, pourtant des familles entières continuent à résider avec parfois quatre enfants dans des chambres de moins de 15 mètres carrés.Le propriétaire quant à lui a obtenu un jugement du tribunal demandant l'expulsion des familles pour loyers impayés ! Mais la nouvelle loi sur le logement (du 14 décembre 2000) reconnaît le droit aux habitants de logements reconnus insalubres par les autorités publiques de ne plus payer leur loyer jusqu'à ce que des travaux soient réalisés. Les habitants ont été condamnés avant le vote de cette loi, et n'ont donc pas pu en bénéficier. Ils font appel de la décision de justice et comptent sur une condamnation du propriétaire.
Les habitants ont tous fait des demandes de logements sociaux depuis parfois plus de 15 ans ! Mais si les pouvoirs publics reconnaissent que l'immeuble doit être fermé, la Mairie estime que les habitants doivent être relogés... dans un autre hôtel ! Les familles se battent, elles, pour avoir de véritables logements !
Laurent
Saint-Ouen Luttes n° 11 du 1er mars 2001
OFFICE HLM DE SAINT-OUEN
Refus de logement au nom de la mixité sociale !
Une famille de Saint-Ouen occupe un appartement reconnu insalubre par les services de la mairie bien qu'elle soit inscrite sur la liste des demandeurs d'appartement HLM depuis 1982. Récemment cette famille s'est vue notifier deux refus de la commission d'attribution de HLM. Les motivations du refus figurant dans la lettre de Madame Coppola (directrice de l'OPHLM de Saint-Ouen) adressée à cette famille sont les suivants : « les particularités du groupe sur lequel votre candidature a été proposée imposent des réponses spécifiques visant à retrouver la mixité sociale dans l'intérêt commun des locataires en place et des nouveaux arrivants ».
Les termes "particularités du groupe" sont suffisamment vagues et peuvent être interprétés de plusieurs façons (financières, sociales... voire ethniques). Cette famille a toujours payé son loyer d'environ 3700 francs par mois à son actuel propriétaire privé et peut donc payer un loyer HLM. Puisqu'elle peut payer son loyer, qu'est-ce que lui reproche la commission d'attribution, d'être une famille modeste ou d'être originaire des Caraïbes ?
Roland
Saint-Ouen Luttes n° 10 du 1er février 2001
Squat et nécessité.
Souleymane Bathily, cuisinier, et son épouse habitaient une chambre de bonne insalubre de 10 mètres carrés dans le XIe arrondissement avec un loyer de 2100 F par mois, charges comprises. Ils ont déposé une demande de logement à la Mairie de Paris le 10 mai 2000 pour obtenir un logement plus grand. La demande était urgente car le 5 juillet, madame Bathily accouche d'une petite fille. " Ma fille toussait tout le temps. Elle était suivie par la protection maternelle infantile. Il fallait qu'on parte de là. Mais on n'avait pas d'autre endroit pour nous loger. Alors j'ai cherché une solution " explique Souleymane Bathily.
Il décide de passer à l'action et scie les gonds de la porte de sécurité d'un appartement F4, vide, rue des Rigoles dans le XXe. Cet appartement appartient à l'office d'HLM de la Ville de Paris (Opac) qui engage rapidement une action en référé pour obtenir leur expulsion et porte plainte contre Bathily pour " dégradation ou détérioration grave d'un bien appartenant à autrui. " C'est ce recours qui a été jugé le 28 novembre. Le tribunal a relaxé M. Bathily en estimant que le squatteur a eu " une réaction nécessaire et mesurée au danger réel, actuel et injuste, auquel son enfant, sa femme et lui étaient confrontés. " Toutefois, le procureur pourrait faire appel de cette décision et la justice ne s'est pas prononcée sur la question de l'expulsion de la famille. L'Opac s'est déclarée mécontente de l'arrêt et affirme que les squatteurs ont évincé une autre famille qui devait habiter dans ces lieux et " qui avait respecté les procédures d'attribution, avait déposé sa demande depuis un an et demi et relevait des critères HLM et de priorité. " Dans ce communiqué, l'Office HLM a aussi indiqué que la Préfecture de Paris avait accepté d'attribuer un logement à la famille dans le patrimoine d'un autre bailleur social.
Au final, la famille semble donc avoir trouvé un logement durable, et la décision du juge est une avancée juridique car elle reconnaît la nécessité qui justifie l'ouverture d'un squat. Cet arrêt rappelle aussi les difficultés d'accès au logement pour les travailleurs.
LaurentSaint-Ouen Luttes n°9 du 15 décembre 2000
SAINT-OUENNon à l'expulsion.
Fin novembre, les habitants des quartiers Payret Zola ont reçu deux tracts municipaux dans leur boîte aux lettres. Dans l'un, Jacqueline Dambreville annonçait les négociations en cours avec la gauche plurielle pour "préparer les élections municipales du 11 mars 2000 (sic)" où elle sera tête de liste. Dans l'autre distribué en même temps, la Maire montrait du doigt un immeuble réquisitionné et annonçait qu'un jugement avait demandé l'expulsion des habitants. Depuis un an et demi, au 4 rue Jules Verne, une quarantaine de familles (une centaine d'habitants) squattent un immeuble dont le propriétaire est en liquidation judiciaire. La Maire ne s'oppose pas à l' expulsion et estime que les familles doivent se "réinstaller de façon légale et durable, sans doute dans leur commune et leur logement d'origine".
La Maire fait-elle semblant d'ignorer que si les familles squattent ici, c'est parce qu'elles n'ont pas pu avoir de logements corrects ?
LaurentSaint-Ouen Luttes n°9 du 15 décembre 2000
Des bureaux et des hôtels en No man's land.
Les rues du Docteur Babinsky et de Toulouse Lautrec qui longent le périphérique sont en pleine rénovation. Le long de la rue du docteur Babinsky s'est construit, du côté Saint-Ouen, un gigantesque ensemble hôtelier avec une vue imprenable sur... le périphérique. De même, rue Toulouse Lautrec sur les anciens terrains des usines Citroën, de vastes bureaux accueillent des centaines d'employés (dont 500 pour la société Internet Libertysurf). La conception architecturale de ces nouveaux ensembles fait que les salariés de ces entreprises ne mettent pas les pieds à Saint-Ouen même s'il y travaillent. Si ces entreprises et hôtels sont bien installés sur la commune de Saint-Ouen, leur adresse est sur Paris, c'est plus chic ?
Laurent
Mais si, il y a des logements à Saint-Ouen...
Les travailleurs ont bien du mal à trouver un logement convenable et pas trop cher dans la ville. Ce n'est pas le cas d'Alain Madelin, ancien ministre ayant fricoté avec l'extrême droite dans sa jeunesse, qui a acheté un loft à Saint-Ouen : un mal-logé de moins !
Léo
L'expulsion des tsiganes continue.
Après les expulsions de la rue Farcot et de la rue des Bateliers, une dizaine de familles tsiganes ayant trouvé refuge avenue du Capitaine Glarner où elles campaient dans leur véhicule, ont été expulsées au petit matin. Leurs voitures ont été provisoirement saisies et la police les a fait déguerpir. Quatre grosses pierres ont été placées pour bloquer le passage (longeant l'usine Citröen et les futurs entrepôts Conforama) où les familles s'étaient installées, afin qu'elles ne puissent pas y revenir. Ce n'est pas parce qu'aucun site de stationnement pour les gens du voyage n'est aménagé dans la ville que les tsiganes doivent payer ce manquement en se faisant jeter !
Nous vous signalons la sortie récente de l'excellent livre de Claire Auzias,
Samudaripen, Le génocide des Tsiganes, Editions de l'Esprit frappeur : 20 FNom d'un collège !
Toujours pas de nom retenu pour le 3ème collège de Saint-Ouen. La municipalité souhaite qu'il prenne le nom de l'ancien maire communiste Fernand Lefort, les professeurs souhaitent quant à eux que ce soit le musicien tsigane Django Reinhardt qui soit célébré. Si, comme cela se confirme, un référendum local est lancé, nous vous appellerons à voter : « Le fort en musique : Django ! »
LaurentOuf !
Un habitant de Saint-Ouen mondialement connu est le tsigane Django Reinhardt. Par chance, il n'a pas été expulsé comme ceux de l'avenue du capitaine Glarner...
Léo
Saint-Ouen Luttes n°8 du 5 novembre 2000
EDITORIAL
Au nom de la "mixité sociale", on veut virer les pauvres !
Le Conseil municipal d'Aubervilliers, à l'unanimité (PC, PSŠ avec l'abstentionŠ d'un Vert) a demandé l'expulsion d'une soixantaine de familles qui squattaient des logements sociaux (vides depuis plusieurs années) de la Cité de la Maladrerie. 23 familles ont déjà été expulsées en août et les autres risquent de l'être d'ici la mi-octobre. Celles qui sont encore dans les logements ont eu l'électricité coupée à la demande de la Municipalité qui s'est aussi opposée à la scolarisation d'une partie des enfants. A Saint-Ouen, la Municipalité qui avait déjà poussé à l'expulsion de tsiganes a essayé d'empêcher les squatters d'un immeuble d'obtenir l'accès à l'eau et au téléphone. A Montreuil, des familles qui occupent une maison appartenant à une société d'économie mixte se voient privées d'eau et d'électricité et menacées d'expulsion à la demande de la Municipalité. Celle-ci bloque en outre l'accès des jeunes enfants au service de la Protection de la Maternité Infantile (PMI). Les familles luttent contre ces atteintes à leurs droits minimaux : campement devant la mairie d'Aubervilliers, occupations de la mairie de Montreuil, d'agences d'Edf, de France Telecom, de la Générale des eaux et manifestations se succèdent.
Jack Ralite, maire (PC) d'Aubervilliers dans un entretien donné au Parisien considère que « La Seine-Saint-Denis, et plus particulièrement Aubervilliers, accueille de nombreux immigrés. Si ce mouvement continue, nous allons faire de ce département le plus solidaire de France un ghetto. Je m'y refuse. » Au nom du "principe de mixité sociale" les maires de la proche "banlieue rouge", souvent communistes mais le plus fréquemment à la tête de coalitions municipales avec le PS, veulent diversifier leur population. Le principe de mixité sociale, qui va être examiné au Parlement dans le cadre d'une loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains obligerait les communes des agglomérations de plus de 50000 habitants à avoir au minimum 20 % de logements sociaux. Il toucherait donc les villes bourgeoises qui n'ont parfois aucun logement social et qui disposeraient d'un délai de vingt ans pour rattraper leur retard. Mais on peut se demander si les futurs HLM du Raincy ou de Neuilly ne vont pas plus servir à accueillir les cousins des cadres des organismes de logements sociaux et les enfants des élus politiques que les balayeurs maliens. Les pouvoirs publics n'ont pas proposé aux familles expulsées d'Aubervilliers un HLM à Passy ou dans le XVI° mais des chambres d'hôtels pour quinze jours !
Aujourd'hui, rien n'est changé pour les villes bourgeoises, mais les représentants des villes et quartiers populaires utilisent le principe de mixité sociale pour freiner l'accès des familles pauvres aux logements sociaux. Les logements restent vides, en l'attente de la classe moyenne, et de vastes ensembles de bureaux se construisent, quand nombre d'autres restent à louer. La "mixité sociale" qui selon ses défenseurs parviendra à faire cohabiter les pauvres et les riches, sert actuellement à expulser les travailleurs sous-payés de leurs logements. Pour lutter vraiment contre la misère, il faut lutter ensemble français, immigrés pour l'accès à la santé, à l'éducation, aux services culturels, au logement pour tous ; contre l'exploitation, pour l'égalité économique et sociale.
Laurent
Saint-Ouen Luttes n°7 du 30 septembre 2000
SAINT-OUEN
La carte du tertiaire
Les capitalistes semblent apprécier la politique menée par le PC, aussi bien à Saint-Ouen qu'au niveau du Conseil Général de Seine-Saint-Denis. C'est ce qui ressort d'un article du journal financier Les Echos du 25 mai 2000, intitulé : « Un complexe de 32 000 m2 de bureaux à Saint-Ouen. L'ensemble, baptisé Euro-Atrium, devrait être livré en juin 2001. » Extraits. « L'Euro-Atrium est un bâtiment triangulaire transparent, avec des façades vitrées, associant le verre, le métal et le granit. Il s'élève autour d'un vaste atrium couvert d'une verrière. Son entrée monumentale ouvre sur un jardin intérieur, distribuant les deux halls. Sa façade, dessinée en arc de cercle, donne sur le boulevard périphérique, avec vue, au loin, sur le Sacré-Coeur. Les plateaux de 3 800 m2 offrent une capacité de 300 personnes par étage. Les futurs utilisateurs bénéficieront d'un restaurant d'entreprise de 1500 couverts, d'une cafétéria, d'un auditorium de 150 places, d'un espace-club avec trois salons privés et d'un centre de remise en forme, avec salle de musculation, hammam, sauna... » Cet immeuble est en construction derrière le RER, sur le terrain de l'ancienne usine Renault. Au fil des années, Saint-Ouen, de ville ouvrière, devient ville tertiaire.
« Jacqueline Dambreville, commente Les Echos, maire PC de cette commune de la première couronne parisienne, joue la carte de la tertiarisation progressive de l'économie locale et de l'accueil de sièges sociaux de grandes entreprises ». Mais Jacqueline Dambreville n'est pas toute seule, « la ZAC Victor Hugo (est) aménagée par la Sidec, un des outils d'aménagement du Conseil Général de Seine-Saint-Denis. » Tout cela est bien beau. Mais est-ce que ça va créer de l'emploi pour les chômeurs ? On peut sérieusement en douter. Il y-a peu de chances que nombre d'entre eux trouvent du travail dans ce type de société. N'est-ce pas plutôt un moyen pour la mairie de se sortir de ses difficultés financières en attirant de nouvelles entreprises pour toucher un surcroît de taxe professionnelle ?
Loïc
Saint-Ouen Luttes n°5 du 23 Juin 2000
SAINT-OUEN - RUE PASTEUR
A petits propos de la Maison de quartierŠ
Nous sommes en Novembre 96, les associations DAL, Echanges et le syndicat CNT 93 cherchent un local à St Ouen et démarchent en vain les pouvoirs publics, notamment pour faire du 6 rue Pasteur une maison de quartier. Un matin d'automne, nous pénétrons dans cette superbe demeure bourgeoise, vide depuis de nombreuses années, et située dans le quartier Garibaldi, où plusieurs d'entre nous habitent. Comme les circuits électriques et les arrivées d'eau ont été sabotés pour rendre le lieu inhabitable, nous changeons de destination pour le 31 rue Farcot où une usine désaffectée accueille parfois des sans abris. Ces 500 m2 appartiennent à une famille de Neuilly-sur-Seine, nous en avons besoin et pas elle. Cette adresse abritera 2 ans 1/2 des activités syndicales, associatives, festives, militantes. Elle servira également, et par la force des choses, de résidences temporaires à de nombreuses familles ou individus exclus du logement social. Le constat du succès de ce lieu n'est plus à faire, il est devenu un lieu de vie et de luttes dans un environnement triste et mort. Mais, incité par la mairie, le propriétaire obtiendra notre expulsion en août 99.
Pendant ce temps, courant 98, qu'est devenue le 6 rue Pasteur ? Et bien la mairie a choisi d'en faire ce pourquoi nous l'avions sollicitée, c'est-à-dire une maison de quartier. La maison a été réhabilitée, aux frais du contribuable et va accueillir des activités municipales. Seulement, et suite à l'expulsion de la rue Farcot, le problème de locaux associatifs refait surface. Après un an d'activités en dessous de sa capacité, la mairie décide de fermer le 6 rue Pasteur pour un an encore afin d'y procéder à de nouveaux travaux d'un montant de l'ordre de 3 millions 500 mille francs. Enlever les anciennes tomettes, détruire le superbe parquet en chêneŠ on ne voit pas l'utilité de ces travaux si ce n'est refaire une nouvelle inauguration à la veille des municipales et empécher que les habitants et associations du quartier puissent avoir un lieu où se retrouver. En effet, la Mairie a refusé d'ouvrir les portes de cette maison à l'association Echanges.
L'expérience des locaux associatifs de la rue Farcot a conduit la mairie à reprendre l'idée à son compte, et c'est tant mieux, mais nous ne pouvons prétendre à aucun espace dans une maison de quartier initiée grâce à cette réquisition ?
N'aurons-nous que ce que nous prendrons ?
Alice
SAINT-OUEN
Locataires en colère.
Au 50 rue du Docteur Bauer, le 14 mars, les habitants ont affiché leur colère en accrochant des banderoles. Des locataires se plaignent de certains travaux. "Comme la devanture refaite avec de la peinture à l'eau, problèmes d'électricité : prises mal installées, baguettes grossières, une ventilation bruyante et qui dégage de la poussière". De plus, un hausse de loyer est prévue au mois d'avril et une partie des résidents sont contre et sont prêts à ne pas laisser faire et en appellent au Tribunal d'Instance de Saint-Ouen pour essayer de faire bloquer cette augmentation. Les locataires du 50 rue du Docteur Bauer ont bien raison de ne pas se laisser faire.
Koé
Saint-Ouen Luttes n°3 du 14 avril 2000
SAINT-OUEN
Gros plan sur la situation du logement
Avec la fin de la " trêve hivernale " pour le 15 mars va se poser à nouveau la question des expulsions des logements. C'est dans le domaine privé que les risques sont les plus importants ; dans le domaine public, les expulsions sont refusées par la Ville pour les personnes qui disposent d'un bail, mais elles peuvent se réaliser pour toutes celles qui résidaient avec des personnes ayant un bail mais qui ont quitté leur logement, ou encore pour celles qui ont occupé des logements sans titres de locations.
Entre 1990 et 1999, la population a baissé de 6 % à Saint-Ouen d'après le dernier recensement de l'INSEE. Les naissances ont été plus importantes que les décès (solde naturel : + 3581) et il y a plus de personnes qui sont parties de la ville que de nouveaux habitants (solde migratoire : - 6202). On peut aujourd'hui se demander si la ville n'accueille pas plus les bureaux que les habitants. On peut aussi noter que le nombre de logements baisse un peu (- 252 logements) mais surtout que le nombre de logements inoccupés a augmenté d'à peu près 20 % entre 1990 et 1999. Un logement sur dix est vide. On peut se demander ce qu'il en est du bureau de réquisition des logements vides mis en place par la mairie et qui ne fonctionne pas.
La politique du logement en cause.
L'étude menée par l'Institut d'aménagement et d'urbanisme montre que le revenu mensuel moyen des ménages locataires des habitations à loyer modéré (11 688 F.) est plus élevé que celui des locataires du privé (10 188 F.) Au nom du refus de la ghettoïsation, la municipalité veut favoriser l'implantation des classes moyennes sur la Ville et n'est guère ouverte à l'accession au logement HLM des familles les plus modestes et au premier rang de celles-ci, celles de nationalité étrangère. La municipalité craint en fait qu'en délivrant des logements sociaux à ces populations les plus modestes qui résident dans le privé, leurs logements d'origine ne soient reloués alors qu'ils ne satisfont pas aux règles d'hygiène.
Au nom de la "mixité sociale", la Mairie tourne le dos à l'égalité sociale qui demande l'accès à des logements décents pour tous. Ainsi, au 10 avenue du Capitaine Glarner, des familles attendent depuis 19 ans un relogement alors qu'elles vivent dans des conditions désastreuses. Dans le numéro de Saint-Ouen Ma Ville de juillet, l'adjoint au maire chargé du logement, constatant le délabrement de logements privés, proposait d'inciter les propriétaires à les réhabiliter. La possibilité, donnée par la loi, d'obliger les plus récalcitrants à procéder à ces travaux était même signalée. Mais qu'en est-il de ces propositions ? Aujourd'hui ce sont les familles qui trinquent, pas les spéculateurs privés. Côté public, l'on sait aussi que la ville maintient des logements inoccupés et que certains des logements du parc HLM de la ville ressemblent trop aux taudis gérés par les propriétaires véreux.
Mais la politique municipale n'est pas seule en cause. Il n'y a pas de réelle volonté de résoudre le problème du logement à l'échelle du pays, et pas plus par ce gouvernement que par les précédents. La rareté des logements entraîne des loyers élevés. Une sélection s'opère par l'origine, la profession et bien sûr l'argent. La réalité sociale est celle de la précarisation des emplois (intérim, CDD, temps partiel, petits boulots) et donc des revenus, et des conditions d'accès au logement. Les pauvres du troisième millénaire vont-ils continuer à s'entasser à cinq par chambre dans les hôtels meublés ou dans des immeubles vétustes où l'on croise les rats dans la cour à la tombée de la nuit ? On croyait les bidonvilles de Saint-Ouen supprimés, ils prennent une autre forme !
Célie et Laurent
Une piscine "3 étoiles" ?
La rénovation de la piscine A. Delaune est en cours, et ces travaux sont estimés à 32.518.000 F (plus de trois milliards de centimes). Et les tarifs seront-ils aussi trois étoiles ?
Saint-Ouen Luttes n° 2 du 7 mars 2000
SAINT-OUEN
Un logement sur dix est vide
Entre 1990 et 1999, la population a baissé de 6 % à Saint-Ouen d'après le dernier recensement de l'INSEE. Les naissances ont été plus importantes que les décés (solde naturel : + 3581) et il y a plus de personnes qui sont parties de la ville que de nouveaux habitants (solde migratoire : - 6202). On peut aujourd'hui se demander si la ville n'accueille pas plus les bureaux que les habitants. La suite des résultats du recensement nous le dira à la fin de l'année prochaine.
D'ores et déjà, on peut noter qu'à Saint-Ouen le nombre de logements baisse (moins 536 depuis 1990) et que le nombre de logements inoccupés a augmenté de 20 % entre 1990 et 1999. Un logement sur dix est vide. Pourtant, comme le signale l'association Droit au Logement (*), des familles audoniennes attendent depuis 20 ans un relogement alors qu'elles vivent dans des conditions qui mettent leur vie en danger.
Dans le numéro de Saint-Ouen Ma Ville de juillet, l'adjoint au maire chargé du logement, constatant le délabrement de logements privés proposait d'inciter les propriétaires à réhabiliter les logements. La possibilité d'obliger les plus récalcitrants à procéder à ces travaux était même signalée. Qu'en est-il de ces propositions lorsque l'on sait que la ville maintient des logements inoccupés sans procéder à ces travaux ? De même, on peut se demander ce qu'il en est du bureau de réquisition des logements vides mis en place par la mairie et qui ne fonctionne pas.
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Pas d'adresse pas de travail.
Un logement = Une adresse. Avoir un logement est un besoin fondamental, sans adresse vous n'existez pas ; pas d'adresse pas de travail. Alors que la pénurie d'emploi se répercute sur les conditions de logements, rien n'est vraiment fait pour élargir aux plus démunis l'accès à ceux-ci. Ce constat ne touche pas que la politique municipale mais concerne aussi la politique nationale. Il n'y a pas de réelle volonté de régler ce problème que nos éminents élus et leurs conseillers n'ont pas manquer de prévoir. Le Bog de l'an 2000 est plus médiatique que les enfants atteints de saturnisme qui vivent dans la 4ème puissance mondiale !
La rareté des logements entraîne des loyers élevés ; une sélection s'opère par l'origine, la profession et bien sûr l'argent. Il y a un décalage entre la réalité sociale qui est celle de la précarisation des emplois (intérim, CDD, temps partiel, petits boulots) et donc des revenus, et les conditions d'accès au logement .
Les exclus du marché du travail peupleront-ils les bidonvilles de l'an 2000 ? Avez-vous compté le nombre de SDF que vous rencontrez dans une journée ? Combien sont-ils aujourd'hui ? et demain ?
Célia & Laurent
(*) Droit au logement (DAL) Saint-Ouen, permanences chaque mois le 1er jeudi de 18 à 20 h., et le 3ème samedi de 10 à 12 h. dans les locaux d'Oxalis, 8 rue Madeleine (métro : Mairie de Saint-Ouen).
Saint-Ouen Luttes n°0 décembre 1999
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