Saint-Ouen Luttes
HISTOIRE SOCIALE - 1846 - GREVE CHEZ ROLLET
Trois grévistes en prison.
Un des premiers conflits sociaux concernant une entreprise de Saint-Ouen est relaté dans la Gazette des Tribunaux du 6 mai 1846. En effet, c'est souvent devant les juges que se terminaient les grèves, à une époque où elles étaient totalement interdites. François Viellard était ouvrier scieur de pierre dure pour l'entrepreneur Rollet. Il lui présenta, le 16 février 1846, les revendications de sa catégorie, à savoir : l'augmentation d'un franc de la rémunération à la tâche par "mètre superficiel" de pierre dure. Ceci entraînait un passage de la rémunération de onze à douze francs. Suite au refus du patron, le 17 février, la grève fut déclenchée. Par solidarité les scieurs de pierre tendre de l'entreprise, qui eux, se contentaient de cinq francs cinquante par mètre superficiel entrèrent dans la grève. Emmanuel Aubé, scieur de pierre dure, aurait giflé un scieur de pierre tendre qui était venu travailler le 18 février. Alexandre Gervais, également scieur de pierre dure, était, quant à lui, considéré par la police et la justice, par le patron aussi sans doute, comme "le moteur" de la grève.
Tous trois se retrouvèrent, rapidement, emprisonnés en préventive. Début mai, les peines tombèrent. Aubé fut condamné à deux mois de prison comme l'un des responsables de la grève et aussi pour la gifle. Viellard qui avait déposé les revendications eut droit, après deux mois et demi de prévention, à quinze jours de prison. Gervais, le "meneur" fut condamné à deux mois de prison, ce qui excédait aussi la durée de sa prévention. Entre temps, les scieurs de pierre dure avaient, en fin de compte, reçu l'augmentation qu'ils demandaient. Soit, au final, trois ouvriers en prison pendant deux mois et demi chacun du fait d'une grève pour un franc d'augmentation.
Laurent
Du cachemire et des chèvres
Saint-Ouen Ma Ville d'avril a présenté avec l'ouverture d'une rubrique histoire locale, la première industrie à démarrer dans la ville, "Les cachemires Ternaux". Nous avons ainsi appris que des chèvres furent importés du Tibet, que les ateliers reçurent la visite du prince du Danemark, et que le patron est mort intoxiqué sur sa table de billard suite à un incendie... On signale le nombre de métiers à tisser et le nombre de broches... Mais pas un mot sur les ouvriers de la fabrique, ne serait-ce que pour dire qu'on ne sait pas grand chose. A force d'accepter le capitalisme, on a des oublis.
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