Saint-Ouen Luttes n° 8 du 5 novembre 2000

Saint-Ouen Alstom TSO : Un plan peut en cacher un autre - Unedic, impôts : Il n'y en a que pour le patronat - Bréves : Des bureaux et des hôtels en no man's land - Mais si, il y a des logements à Saint-Ouen... Bréves suite : L'expulsion des tsiganes continue - Nom d'un collège ! - Ouf ! - L'éditorial : Quelles perspectives pour la lutte du peuple palestinien ? - Sur un seul fichier : Tous les articles du numéro 8

SAINT-OUEN - ALSTOM - TSO

Un plan peut en cacher un autre !

Derrière les licenciements...

Saint-Ouen Luttes a rendu compte du plan de licenciements en cours de procédure à Alstom-TSO (Transformateurs Saint-Ouen), plan de 194 suppressions d'emplois sur un effectif de 600 personnes environ, annoncé en mai, et dont le chiffre a été révisé à la baisse en septembre (47 suppressions d'emplois en moins). La Direction de l'entreprise justifie ce plan par une baisse des commandes et des profits... pour l'usine, car pour le groupe Alstom dans son ensemble, commandes et profits se portent très bien.

...la délocalisation

Est-ce que ce plan n'en cache pas un autre à terme, à savoir la délocalisation : la fin de toute production à Saint-Ouen et son déménagement en Turquie ? C'est ce que se demandent beaucoup de travailleurs.

L'annonce, au cours du C.E. de septembre, du déménagement complet de l'autre usine du site (SIF, signalisation ferroviaire) vers Clichy ou Villepinte, semble confirmer pour le moins une politique de transformation du site.

Il est exact que la Direction veut, dans l'immédiat, abandonner la production des transformateurs les plus petits, et les moins chers, et spécialiser l'usine dans les plus gros et les plus rentables. Mais où ira la part de production abandonnée ? En Turquie, dans une usine rachetée à la firme allemande AEG il y a quelques années.

Pour tenter de retarder le plan de la Direction, les organisations syndicales, en réunion de CCE, ont nommé un expert économique. Celui-ci a demandé des informations sur l'ensemble du groupe, car l'Alstom possède une douzaine d'usines de transformateurs dans le monde. Il en ressort que la baisse de la production et des effectifs programmée à Saint-Ouen (- 30%) est exactement du même ordre que la hausse prévue dans l'usine turque (+ 30%). L'expert demande alors les chiffres prévisionnels pour les 3 années à venir. C'est le quasi-doublement à Gebze en Turquie. Si le principe des vases communicants doit encore s'appliquer, c'est la fin de la production à Saint-Ouen !

C'est une hypothèse, évidemment, car les décisions statégiques des grands capitalistes sont tout sauf transparentes et démocratiques.

Après le "produire français", la "logique industrielle "?

Il fut un temps où les directions syndicales mettaient en avant le slogan nationaliste "Produisons français".

Il est tombé en désuétude. Mais il se maintient sous une nouvelle forme : la défense du créneau de la haute technologie en Europe.Des responsables politiques et syndicaux ont emboîté le pas et laissent entendre, par exemple, que les plus gros transformateurs de centrales, les plus complexes, pourraient être fabriqués ailleurs qu'en France.

C'est l'opinion d'un certain nombre de cadres, de techniciens, d'ouvriers hautement qualifiés et même de certains syndicalistes que de croire en la soi-disant supériorité naturelle des pays occidentaux. Croire qu'on conservera notre travail en aidant les capitalistes à maintenir cette avance technologique et en faisant des sacrifices est une illusion, il n'y a pas de "logique industrielle" opposée à la" logique financière", les actionnaires ne demandent jamais leur avis aux travailleurs si ce n'est à quelle sauce ils veulent être mangés

Une seule garantie, la lutte des travailleurs

Le développement de la sous-traitance - dans le plan de restructuration de l'Alstom, il y a aussi la mise en sous-traitance de la chaudronnerie (30 travailleurs), de la moitié de la menuiserie (11 travailleurs) et 40% de l'entretien (14 travailleurs ) - ou la délocalisation , c'est leur manière à eux de garantir ou d'accroître leurs profits.

Nos problèmes, à nous les travailleurs, concernent la hausse et la garantie du salaire, l'amélioration des conditions de travail et de sécurité. Sur ce terrain, nous sommes sur la même longueur d'onde que les travailleurs de Turquie qui ont le même patron.

 

Loïc

 
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