Saint-Ouen Luttes

Sommaire du n° 11 du 1er mars 2001

Elections municipales : Sanctionner la politique du Medef et du gouvernement ! Quelle politique pour la ville ? Alstom : Lois Aubry, lois pourries ! Logement : Lutte des habitants de l'hôtel Lucia Taxis : G7, Racket !, Tous les articles du n°11


  Quelle politique pour la ville ?

Le précédent article de Sol sur les possibilités d'action d'une municipalité pour l'emploi d'une part, et les débats au sein de notre journal sur les élections municipales d'autre part, ont conduit à des positions différentes dont celle qui suit et qui va être plus développée.

Sans dresser un inventaire complet des compétences d'une municipalité, il faut noter que globalement les communes ont de plus en plus de capacité à agir sur différents sujets.

"La Mairie" peut agir sur l'emploi ; elle est le plus gros employeur de Saint-Ouen ! Elle peut aussi subventionner les syndicats "représentatifs" ceci ne l'empêche pas de pouvoir se comporter comme un employeur traditionnel et d'imposer des réorganisations du travail sans écouter les revendications de ses propres salariés. Outre la récente grève des personnels de service des écoles, il faut se rappeler aussi celle des assistantes sociales qui, il faut le savoir, demandent régulièrement leur mutation et ne restent jamais longtemps à Saint-Ouen du fait de leurs conditions de travail mais aussi de la politique sociale de la Ville. Celle-ci fait aussi appel à des grands groupes industriels pour assurer des missions de service public en exploitant leurs employés, rappelons-nous la grève des éboueurs de décembre 2000.

Concernant l'aménagement urbain, la municipalité favorise l'implantation de multinationales alors que ces grands groupes capitalistes qui nous exploitent ont amplement les moyens de construire leurs bureaux. Pour faire plaisir à ces suceurs de sang, elle est même prête à raser des îlots entiers d'habitation. La municipalité a en effet des pouvoirs importants en matière de logement. Elle a, avec l'Etat, les collecteurs du 1 % patronal... la capacité d'attribuer des logements sociaux, elle peut aussi en délivrer sur son "parc privé". Elle peut aussi laisser pendant une vingtaine d'années des familles dans des taudis et répondre favorablement dans les six mois à une autre demande de logement. Elle accepte aussi régulièrement l'expulsion de familles de leur logement.

La mairie peut aussi subventionner des associations pour qu'elles obtiennent des locaux et des permanents, elle prête aussi des locaux à certaines associations, mais dans le même temps elle refuse des locaux à d'autres. Elle peut aussi promettre de «faire plus pour la vie associative» à chaque veille d'élections ; les élus reparlent de transformer la gare Godillot en Maison des associations alors qu'ils en avaient déjà parlé la veille des élections de 1995 sans avancer d'un iota. Pire, ils ont contribué à casser la seule expérience de local associatif autonome, rue Farcot, en poussant à l'expulsion des occupants du lieu réquisitionné.

Ses pouvoirs ne sont pas négligeables aussi sur l'environnement, elle peut ainsi nous donner des poubelles bleues et laisser brûler l'une des plus grosses usines d'incinération de la région depuis maintenant plus de cent ans. La municipalité peut aussi faire des pistes cyclables, elle l'a même en tête alors que cela lui paraissait farfelu, depuis des années. Ses pouvoirs d'intervention sont aussi importants au niveau de la culture, des vacances des enfants, de l'aide sociale, du sport (au fait ça devient quoi cette histoire d'aménagement du stade Bauer dont on nous a cassé les pieds pendant des mois ?), de l'aménagement des puces...

Bref, la municipalité a une foule de moyens d'agir et la réapparition sur le marché de nombreux candidats à la gestion de la ville montre que ce pouvoir ne laisse pas indifférent.

Cela dit, que ferions-nous, nous qui critiquons ce pouvoir municipal ? Et bien, nous n'en voulons pas de ce type de pouvoir ! Nous ne voulons pas participer à un pouvoir qui sera maître de la ville pendant six années sans rendre de comptes à ceux qui les ont élus. Nous voulons que le pouvoir municipal soit aux mains de la population, nous voulons que ceux qui y siègent soient désignés par des assemblées de quartier où les habitants puissent réellement exprimer leurs problèmes, leurs envies, leurs projets... Nous voulons que ces élus puissent être changés quand les assemblées le décident mais aussi qu'ils ne puissent pas avoir des mandats interminables. Nous ne voulons pas passer un demi-siècle avec deux seuls maires comme cela a eu lieu à Saint-Ouen depuis l'après-guerre. Nous voulons pouvoir contrôler les actions des personnes que nous aurons élues, nous voulons qu'elles nous rendent des comptes et les révoquer quand nous le voudrons. Nous voulons aussi que les employés municipaux s'organisent eux-mêmes sans hiérarchie mais avec les assemblées d'habitants.

« Vous êtes fous, la population et les travailleurs ne sont pas prêts ? » vont nous rétorquer tous les prétendants au pouvoir. Et bien, travailleurs, mal-logés, sans-papiers, chômeurs, exploités, tous ceux qu'on ne veut plus voir au nom de la mixité sociale... organisons-nous nous-mêmes pour prendre en main nos affaires, développer des réseaux de solidarités, agir concrètement au quotidien et luttons pour que la politique municipale prenne en compte nos revendications sans attendre d'avoir à donner notre voix une fois tous les six ans. Mais si la municipalité a de plus en plus de capacités, elle ne peut pas tout, et un combat pour une Commune où le peuple ait le pouvoir passe aussi par une lutte quotidienne dans les usines et les bureaux pour que les travailleurs mettent fin au pouvoir des capitalistes qui s'entendent parfois si bien avec « nos » élus.

Laurent

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