Saint-Ouen Luttes

Sommaire du n° 10 du 1er février 2001

Ras le bol des miettes !!!, Que peut faire une municipalité contre le chômage ?, Office HLM de Saint-Ouen : Refus de logement au nom de la mixité sociale !, Alstom : Recul partiel de la Direction - Deux travailleurs en correctionnel, Grève du personnel des cantines, Accords Unedic : Le PARE ne profite qu'aux patrons !, L'éditorial : Face aux attaques du MEDEF et du gouvernement, Va-t-on en rester là  ? Tous les articles du n°10

Que peut faire une municipalité contre le chômage ?

Saint-Ouen a 28 000 salariés pour une population active de 20 000 personnes. On vient donc travailler à Saint-Ouen. Mais il y a 3 600 demandeurs d'emploi, surtout de longue durée, sans compter les allocataires de RMI et les jeunes qui ne sont pas inscrits à l'ANPE. Un habitant sur quatre ou sur cinq est sans emploi. Le maire adjoint du Mouvement des citoyens proche du PS préconise «d'accompagner l'implantation d'entreprises sur la ville», c'est-à-dire de les subventionner. Le groupe communiste se flatte de sa politique foncière qui «rend la ville particulièrement attractive pour les grandes entreprises du tertiaire». Le groupe RPR, UDF et divers droite n'est pas en reste «puisque le patron est nécessaire et indispensable, la ville doit lui assurer un environnement propre et sûr», affirme A. Kalajdjian. Tous jouent le jeu du marché capitaliste, et c'est un échec. La Mairie a beau subventionner les entreprises pour qu'elles emploient des travailleurs, le résultat est là : un habitant sur quatre ou sur cinq est chômeur. Et même quand les emplois sont crées par la «reprise économique», ils sont précaires, mal payés, flexibles et surtout dans le tertiaire. Subventionner les capitalistes pour qu'ils créent des emplois, c'est de l'argent jeté par les fenêtres, d'autant que le budget de la Mairie est limité.

Quelle serait la politique d'une municipalité qui refuserait le jeu du marché capitaliste et qui aurait à cúur de défendre jusqu'au bout les intérêts des travailleurs ?

Les besoins sont criants.Plutôt que de donner en vain de l'argent aux employeurs pour qu'ils créent de l'emploi, elle embaucherait directement des employés municipaux, des assistantes sociales, du personnel des crèches, à la protection maternelle et infantile, d'aide aux personnes âgées et handicapées, etc... On pourrait utiliser cet argent pour compléter des retraites bien souvent misérables et pour faire des grands travaux. Pas pour créer des Landy-France comme à Saint-Denis, c'est-à-dire de vastes pôles de bureaux pour subventionner des promoteurs immobiliers comme Bouygues, Eiffage, etc. Non ! Il faudrait redonner aux services publics et aux services sociaux les moyens qui leur manquent, créer des transports en commun valables, rénover ou bâtir des logements modernes, salubres et bon marché pour les travailleurs. Bien sûr l'argent des impôts locaux et de la taxe foncière ne suffirait pas pour construire tout cela et améliorer les moyens de transport. Mais nous payons des impôts à l'état et non seulement des impôts locaux. Cependant même une «bonne municipalité» n'aurait pas la force par elle-même d'imposer à l'état de payer ce qui est dû aux travailleurs. Seule une mobilisation de la population permettrait d'aller chercher l'argent, plus haut, dans les caisses de l'Etat. En retour une mairie aux mains des travailleurs pourrait devenir un point d'appui pour développer les luttes, et pas seulement à Saint-Ouen. En effet, le chômage, surtout en période de reprise, ne provient pas du jeu obscur du marché mais du fait que la bourgeoisie capitaliste est à l'offensive contre le monde du travail. Seules des luttes générales peuvent changer ce rapport des forces, obliger les grandes sociétés à embaucher.

Une mairie aux mains des travailleurs lutterait résolument aux cotés des travailleurs de l'Alstom, une entreprise qui fait d'énormes bénéfices et se propose de licencier des travailleurs. Une telle municipalité préconiserait l'expropriation sans indemnité des capitalistes qui refusent d'embaucher. Une mairie ouvrière viserait essentiellement à soutenir politiquement la généralisation des luttes en s'appuyant sur la mobilisation des travailleurs. Elle aiderait par tous les moyens dont elle dispose à l'organisation des travailleurs, des chômeurs, des militants les plus actifs de la ville dans des comités qui décideraient et organiseraient les habitants. Elle s'appuierait sur les associations pour développer, amplifier et généraliser la lutte des travailleurs de la région contre les capitalistes et leur gouvernement. Le chômage n'est pas engendré par la politique de la municipalité, mais par celle des firmes capitalistes appuyées par l'état à leur service. Un maire, un futur maire, une équipe municipale, qui refuserait la logique du marché et qui poserait les problèmes en ces termes, mériterait notre soutien et celui des travailleurs.

Léo

Un article exprimant un point de vue différent sera publié dans le prochain numéro de SOL.

 

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