Saint-Ouen Luttes n° 6 - 21 juillet 2000
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EDITORIAL

Les Cellatex ont eu bien raison

La décision des 153 ouvrières et ouvriers de la Cellatex de déverser de l'acide sulfurique dans un ruisseau affluent de la Meuse, après avoir menacé de faire sauter dans l'usine une cuve de 56 000 litres du même produit, a pesé lourd dans le choix des pouvoirs publics de céder aux revendications des grévistes. Cela, malgré les déclarations du Ministre de l'intérieur Chevènement ne jugeant pas "acceptable de prendre en otage les populations avoisinantes". Lorsque Rhône Poulenc décide de mettre en liquidation judiciaire la Cellatex, le 5 juillet, jetant les travailleurs à la rue, n'est-ce pas aussi un coup de force brutal ?

D'ailleurs, la population environnante, en particulier celle de la commune de Givet, 7500 habitants, ne se sentait pas prise en otage par les salariés qui menaçaient de faire sauter l'usine. Le supermarché directement visé par une explosion de l'usine a gratuitement ravitaillé les ouvriers en lait, eau et café "parce que l'on connaît beaucoup de gens" mais surtout parce que tout le monde a bien compris que la fermeture de l'entreprise rendrait la région encore plus invivable alors qu'elle ne s'est jamais remise de la crise de la sidérurgie.

Les travailleurs de la Cellatex n'ont pas eu tout ce qu'ils voulaient (2 ans de salaire et 150 000 F. d'indemnités de licenciement) mais ils en ont eu un bon bout (80 000 F, le maintien de leur salaire pendant deux ans, 80 % du salaire durant le congé de conversion de 12 mois). Une chose est certaine : ils n'auraient eu que "des clopinettes" s'ils ne s'étaient pas montrés menaçants.

La bourgeoisie s'inquiète car l'exemple fait des émules. Le mercredi 19 juillet, dans la banlieue de Strasbourg, les salariés d'une brasserie, vouée à la fermeture par Heineken, ont menacé de faire sauter des bonbonnes de gaz si on ne leur donnait pas satisfaction. Mais la menace de faire sauter l'outil de production est une arme de désespoir, on ne va pas faire sauter toutes les usines où il y a des bas salaires, des horaires dingues, des cadences infernales et des plans de licenciements.

Ce qu'il faut faire sauter ce ne sont pas les usines mais cette société pourrie et les gouvernements aux ordres des possédants qui saccagent les acquis sociaux, les salaires, les retraites, qui ruinent la vie de millions de travailleurs en les réduisant à la misère. Et pour ce faire il existe un explosif bien plus corrosif que l'acide sulfurique, la lutte offensive et collective des travailleurs.

Oui, il faut que ça pète et pour de bon, pour que la peur change de camp.

 
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