Saint-Ouen Luttes n° 5 - 23 juin 2000
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EDITORIAL

A qui profite le crime ?

Alors qu'ils tentaient de s'introduire clandestinement en Grande-Bretagne, 58 immigrés asiatiques ont trouvé la mort, asphyxiés dans un camion frigorifique néerlandais transportant des fleurs. Jack Straw, le ministre de l'intérieur britannique se dit consterné "par toutes ces vie perdues" et Jospin, lui, "ressent un sentiment d'horreur". Qui ne serait pas consterné ?
Mais si ces dirigeants versent des larmes "de circonstances", c'est leur politique qui engendre ces drames. La libre circulation en Europe pour les habitants des pays signataires des accords de Shengen a son revers : la fermeture des frontières aux immigrants en provenance des pays pauvres. Les pays riches s'offrent aux yeux des populations comme un mirage, un Eldorado qui mérite de prendre des risques même mortels pour l'atteindre. Les clandestins, des travailleurs comme nous seraient donc responsables de leur propre malheur, comme ces 200 africains, mort noyés du 1er janvier au 31 mai dans le détroit de Gibraltar après avoir payé 12000 F pour une mortelle traversée.
La presse montre du doigt les passeurs, les maffias chinoises, marocaines ou albanaises qui profitent de ce trafic de chair humaine. Assurément ils vivent en parasite, sur le dos de ces travailleurs en quête d'une vie moins sombre, mais qui en profite vraiment ? La presse n'en parle jamais. A l'arrivée, qui exploite le travail précaire, à des salaires de misère ?
Ce ne sont pas les mafias mais bel et bien les grandes sociétés capitalistes et leurs sous-traitants. Depuis des années des ateliers clandestins de textile ou de maroquinerie fleurissent en France ou en Allemagne. Et qui profite du travail des clandestins, si ce n'est les entrepreneurs du bâtiment ou du nettoyage ? Les travailleurs clandestins sont nos frères à l'image des travailleurs auvergnats, bretons, ou corréziens qui immigraient à Paris au siècle dernier. Il n'y a pas besoin d'être Sherlok Holmes pour trouver le responsable des 58 morts de Douvres et de toute cette misère, c'est le système capitaliste lui-même et cette bourgeoisie qui en profite.
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