Saint-Ouen Luttes n° 5 - 23 juin 2000
Réforme de l'assurance-chômage : Non à la précarité à perpétuité - Alstom : Le gouvernment agit pour diviser ! Saint-Ouen - Nouvelle exploitation : Marie, "esclave moderne" en lutte - Saint-Ouen : La carte du tertiaire Saint-Ouen - Bréves : Les assitantes sociales en ont marre - Ce week-end, enlivrez-vous ! L'éditorial : A qui profite le crime ? - Sur un seul fichier : Tous les articles du numéro 5

REFORME DE L'ASSURANCE CHOMAGE

Non à la précarité à perpétuité

Profitant de la renégociation de la convention UNEDIC, le MEDEF, l'organisation patronale, milite depuis des mois pour "la refondation sociale". De quoi s'agit-il ? Après l'offensive patronale sur les 35 heures, pilotée par le Ministre du travail socialiste, Martine Aubry, qui vise à imposer la flexibilité et la baisse des salaires, le MEDEF entend généraliser l'abaissement salarial et la précarité sous prétexte de sauver le système d'assurance-chômage, l'UNEDIC.

Remplacer les chômeurs par des précaires pauvres ?

Le dispositif du MEDEF est à deux volets. Le PARE (plan d'aide au retour à l'emploi) vise à imposer une nouvelle brèche dans le dispositif d'indemnisation des chômeurs. En 1992 c'est le gouvernement socialiste de Bérégovoy qui avait mis en place 1'allocation unique dégressive. Martine Aubry avait décrété à cette date qu'un chômeur pouvait être radié au premier refus d'emploi. Mais la résistance des chômeurs en avait fait reculer l'application par les ASSEDIC. Cette fois les sanctions seront progressives. Après 6 mois d'indemnisation, un chômeur ayant refusé entre 1 et 4 propositions d'embauche encourra les sanctions suivantes : lettre de rappel, baisse de 20 %, suspension, puis suppression des allocations. A noter que si 55 % seulement des chômeurs étaient indemnisés en 1993, seules 41 % le sont actuellement. Plus de 80 % touchent moins du SMIC et la moitié, moins de 4 700 F. C'est le retour au travail forcé, l'obligation pour le travailleur de vendre sa force de travail aux conditions imposées par le patron. C'est la voie à l'abaissement de tous les salaires, car les rémunérations des précaires seront prétexte à une réduction des autres rémunérations.

Des travailleurs jetables ?

Le deuxième dispositif du MEDEF est de vouloir imposer des contrats d'une durée déterminée de 18 mois à 5 ans. Avec l'abandon des contrats à durée indéterminée (CDI) ce serait la généralisation de la précarité. De plus, la menace de ne pas renouveler les contrats pèserait sur la combativité des travailleurs. Un des aspects les plus répugnants du PARE est de vouloir culpabiliser les chômeurs. Si les travailleurs sont chômeurs ? C'est de leur faute alors que ce sont les patrons qui licencient ! D'après le PARE, les chômeurs devront proposer "un plan d'action personnalisé" pour retrouver du travail, il leur faudra prouver leurs compétences pour être employables, la formation étant à la charge du salarié pour développer son "employabilité", la vie du travailleur, selon le patronat, devrait aller d'emploi précaire, en passant par des stages de formation, en attendant une retraite à des taux minables, car elle sera calculée à partir de salaires au rabais. Le patronat, lui, ne s'est pas oublié. La baisse des contributions des employeurs leur permettrait d'économiser de 36 à 42 milliards sur 2 ans. De plus, les employeurs, sous prétexte de favoriser la réinsertion, toucheraient des subventions dégressives de l'Etat pendant 3 ans, se montant à 20 à 40 % du salaire d'un travailleur retournant au travail !

Des syndicats mous !

Le MEDEF a brandi la menace de se retirer des discussions et les syndicats, devant le danger d'être écartés de la gestion de l'UNEDIC, ont fait profil bas. C'est un comble, car l'argent de l'UNEDlC provient pour une grande partie des cotisations salariales. C'est du salaire différé, redistribué sous forme d'allocations chômage. La CFDT de Notat et la CFTC approuvent ce plan contre les intérêts des travailleurs. CGT, FO et la CGC s'étaient empressés de prendre place autour du tapis vert. Mais face au mécontentement des syndiqués et des associations des chômeurs, ils ont cessé d'y participer. Même le syndicat des cadres, la CGC a senti la réprobation de ses adhérents menacés d'accepter, comme tout le monde, n'importe quel sale petit boulot. Thibault, secrétaire général de la CGT, se dit prêt " à informer, à intervenir auprès du gouvernement". FO et la CGC condamnent les propositions du MEDEF. Mais ces protestations sont purement verbales et inefficaces.

Comme en 95, oui mais en plus fort.

Oui, la convention doit être validée par les pouvoirs publics. Mais peut-on compter sur le gouvernement de la gauche plurielle, sur son Parlement à majorité de gauche, pour défendre les chômeurs ? Il ne faut pas se leurrer ! Pas plus que sur les coups de gueule de Robert Hue, "le patron" du PCF, qui prétend avoir imposé un "choc frontal" à Seillières, le patron des patrons, lors d'un tête-à-tête. Ce qui fera reculer le MEDEF et ses alliés du gouvernement, c'est la mobilisation de tous les travailleurs du privé et du public, avec ou sans emploi.

Relou

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