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SAINT-OUEN - NOUVELLE EXPLOITATION
Marie, "esclave moderne" en lutte.
De 1996 à janvier 2000, Marie* vient de subir ce nouveau type d'exploitation, "l'esclavage moderne". Originaire d'Afrique, elle est arrivée au milieu des années 80 pour poursuivre ses études. Après avoir obtenu ses diplômes, la Préfecture a refusé de lui délivrer une carte de séjour. Mais ayant étudié et vécu en France pendant 10 ans, Marie ne souhaite pas quitter l'hexagone. Par le biais de petites annonces, un habitant de Neuilly lui propose de l'employer pour garder sa mère quinquagénaire. Il sait qu'elle n'a pas de titre de séjour mais se propose de faciliter sa régularisation. Pendant un an, elle s'occupera de la veille dame dans son F4 des quartiers riches de Paris. Puis, son employeur déménagera mère et employée de maison à Saint-Ouen dans un deux-pièces. Pendant toute cette période, elle va vivre et dormir dans la pièce principale pour s'occuper de la mère qui est délaissée par son fils. En outre, malgré ses promesses, l'employeur n'a pas régularisé sa situation. Pourtant elle va s'occuper de la mère seule qui « n'avait plus qu'elle au monde ». C'est Marie qui appellera le SAMU pour emmener la vieille dame malade à l'hôpital où elle mourra. Son fils refusait de le faire jugeant qu'elle n'avait pas besoin de soins.
Trois jours après l'enterrement, le fils arrive avec le propriétaire du logement pour récupérer le logement. Marie proteste, mais son employeur lui signifie qu'ils n'ont signé aucun contrat et qu'elle doit maintenant partir. Si elle les écoute, Marie se retrouve alors sans droit aucun, sans logement, sans travail, sans papiers. Tout d'abord désemparée, elle décide de faire face et prend contact avec les syndicats, associations et services sociaux. Un syndicat CFDT l'accompagne dans une procédure aux prud'hommes contre ce néo-esclavagiste. Le DAL l'aide pour son logement et pour réouvrir l'électricité que le propriétaire a coupée afin de faire pression pour que Marie parte. Elle finit par obtenir après quinze années de présence en France, un récépissé de 3 mois qui lui permet de travailler. Ce "fait divers" rappelle les conséquences désastreuses des lois sur l'immigration qui mettent à la merci des employeurs les travailleurs immigrés. Mais Marie a décidé de lutter.
Laurent
* A sa demande l'anonymat a été préservé.
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