Saint-Ouen Luttes n° 9 du 15 décembre 2000

Les Etats-Unis, un pays gouverné par des "serial killers" Citroen - Saint-Ouen : Une claque pour la direction Troisième collège, Saint-Ouen : Le management au collège Logement : Squat et nécessité - Saint-Ouen : Non à l'expulsion Accords Unedic : MEDEF partout ! Justice nulle : PARE ! Alstom TSO : Une belle journée Cinéma : "Sortis d'usine" L'éditorial : A Nice et après ? Sur un seul fichier : Tous les articles du numéro 9

LOGEMENT

Squat et nécessité.

Souleymane Bathily, cuisinier, et son épouse habitaient une chambre de bonne insalubre de 10 mètres carrés dans le XIe arrondissement avec un loyer de 2100 F par mois, charges comprises. Ils ont déposé une demande de logement à la Mairie de Paris le 10 mai 2000 pour obtenir un logement plus grand. La demande était urgente car le 5 juillet, madame Bathily accouche d'une petite fille. " Ma fille toussait tout le temps. Elle était suivie par la protection maternelle infantile. Il fallait qu'on parte de là. Mais on n'avait pas d'autre endroit pour nous loger. Alors j'ai cherché une solution " explique Souleymane Bathily.

Il décide de passer à l'action et scie les gonds de la porte de sécurité d'un appartement F4, vide, rue des Rigoles dans le XXe. Cet appartement appartient à l'office d'HLM de la Ville de Paris (Opac) qui engage rapidement une action en référé pour obtenir leur expulsion et porte plainte contre Bathily pour " dégradation ou détérioration grave d'un bien appartenant à autrui. " C'est ce recours qui a été jugé le 28 novembre. Le tribunal a relaxé M. Bathily en estimant que le squatteur a eu " une réaction nécessaire et mesurée au danger réel, actuel et injuste, auquel son enfant, sa femme et lui étaient confrontés. " Toutefois, le procureur pourrait faire appel de cette décision et la justice ne s'est pas prononcée sur la question de l'expulsion de la famille. L'Opac s'est déclarée mécontente de l'arrêt et affirme que les squatteurs ont évincé une autre famille qui devait habiter dans ces lieux et " qui avait respecté les procédures d'attribution, avait déposé sa demande depuis un an et demi et relevait des critères HLM et de priorité. " Dans ce communiqué, l'Office HLM a aussi indiqué que la Préfecture de Paris avait accepté d'attribuer un logement à la famille dans le patrimoine d'un autre bailleur social.

Au final, la famille semble donc avoir trouvé un logement durable, et la décision du juge est une avancée juridique car elle reconnaît la nécessité qui justifie l'ouverture d'un squat. Cet arrêt rappelle aussi les difficultés d'accès au logement pour les travailleurs.

Laurent
SAINT-OUEN

Non à l'expulsion.

Fin novembre, les habitants des quartiers Payret Zola ont reçu deux tracts municipaux dans leur boîte aux lettres. Dans l'un, Jacqueline Dambreville annonçait les négociations en cours avec la gauche plurielle pour "préparer les élections municipales du 11 mars 2000 (sic)" où elle sera tête de liste. Dans l'autre distribué en même temps, la Maire montrait du doigt un immeuble réquisitionné et annonçait qu'un jugement avait demandé l'expulsion des habitants. Depuis un an et demi, au 4 rue Jules Verne, une quarantaine de familles (une centaine d'habitants) squattent un immeuble dont le propriétaire est en liquidation judiciaire. La Maire ne s'oppose pas à l' expulsion et estime que les familles doivent se "réinstaller de façon légale et durable, sans doute dans leur commune et leur logement d'origine".

La Maire fait-elle semblant d'ignorer que si les familles squattent ici, c'est parce qu'elles n'ont pas pu avoir de logements corrects ?

Laurent
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